Dans un mouvement stratégique qui pourrait reconfigurer les équilibres politiques au sein de l’hémicycle, le groupe parlementaire Ensemble pour la République a officiellement investi Clotilde Mutita Kalunga comme candidate au poste de rapporteur adjoint de l’Assemblée nationale. Cette désignation, intervenue à l’issue de primaires internes tenues ce lundi 27 octobre à Kinshasa, consacre l’émergence d’une nouvelle figure dans l’opposition parlementaire et soulève plusieurs interrogations sur les recompositions en cours.
L’élection de la députée de Lubumbashi succède à la démission mouvementée de Dominique Munongo, contraint de quitter ses fonctions après une motion de défiance. Le processus de succession aura donc été marqué par une consolidation rapide des soutiens autour de Mme Mutita, cinq autres candidats potentiels ayant volontairement retiré leur candidature en sa faveur. Cette unanimité apparente masque-t-elle des négociations en coulisse ou traduit-elle une réelle convergence stratégique au sein d’Ensemble pour la République ?
Le dernier round des primaires aura opposé Clotilde Mutita Kalunga à Michel Katebe, élu de Pweto, dans un face-à-face dont les ressorts politiques restent à analyser. La candidate désignée bénéficie du soutien affiché de sa famille politique, mais sa capacité à fédérer au-delà de son camp constituera le véritable test de son leadership. Dans sa première déclaration, elle a immédiatement placé son mandat potentiel sous le signe de l’unité nationale, affirmant : « Notre engagement ne vise ni l’agression ni le conflit, mais plutôt à faire de la diversité une richesse et un exemple de vivre-ensemble. »
Cette orientation conciliatrice contraste avec le contexte politique tendu qui prévaut à l’Assemblée nationale, où les rapports entre majorité et opposition connaissent des phases régulières de crispation. Le poste de rapporteur adjoint, bien que technique, offre un levier d’influence non négligeable sur l’agenda législatif et le contrôle de l’action gouvernementale. La stratégie d’Ensemble pour la République consiste-elle à apaiser les tensions ou à renforcer son emprise sur les rouages parlementaires ?
Parmi les autres candidats de l’opposition en lice pour différents postes, Christelle Vuanga, députée de Funa à Kinshasa et ancienne présidente de la Commission parlementaire Genre, famille et enfant, représente un profil expérimenté dont l’expertise pourrait contrebalancer la montée en puissance de nouvelles figures. De son côté, Gracien Iracan, élu de Bunia en Ituri, affiche sa détermination à « soutenir les institutions de la République avec honnêteté, responsabilité et patriotisme » – une profession de foi qui résonne comme un appel au dépassement des clivages partisans.
Les primaires organisées au sein de l’opposition congolaise témoignent d’une maturation certaine des pratiques démocratiques internes, mais elles interrogent également sur la capacité de ces formations à maintenir leur cohésion face aux enjeux de pouvoir. La désignation de Clotilde Mutita Kalunga comme candidate au poste de rapporteur adjoint assemblée nationale marque-t-elle un tournant dans la stratégie parlementaire d’Ensemble pour la République ? Son élection éventuelle permettrait-elle de rééquilibrer les dynamiques institutionnelles en faveur d’un pluralisme plus effectif ?
Le véritable test pour la députée de Lubumbashi consistera à transformer son mandat potentiel en influence réelle sur les processus décisionnels. Les députés nationaux RDC, souvent tiraillés entre loyautés partisanes et intérêts nationaux, devront trancher cette équation complexe dans les prochains jours. L’enjeu dépasse la simple attribution de postes pour toucher à la crédibilité même de l’institution parlementaire dans son rôle de contre-pouvoir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
