Quatre mois après la signature de l’Accord de Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, le processus de paix dans la région des Grands Lacs montre des signes inquiétants de stagnation. Le dernier rapport du Baromètre des Accords de Paix en Afrique, publié ce 28 octobre 2025, dresse un bilan mitigé de la mise en œuvre de cet accord crucial pour la stabilité régionale.
Le document révèle que sur les 30 tâches identifiées dans l’accord, seulement 17 ont connu un début de mise en œuvre, représentant 56,6% des engagements. Le taux global d’exécution s’établit à 21,6%, avec une légère régression par rapport à la fin du mois d’août dernier. Ces chiffres soulèvent une question fondamentale : l’Accord de Washington RDC Rwanda parvient-il véritablement à instaurer une dynamique de paix durable ?
Certaines avancées méritent cependant d’être soulignées. Le geste d’ouverture du président congolais envers son homologue rwandais le 9 octobre dernier, appelant à une « paix des braves », a créé un climat propice au dialogue. La convergence entre Kinshasa et Kigali sur la date du 1er octobre 2025 pour le lancement des opérations conjointes contre les FDLR et la levée des mesures défensives rwandaises représente également un pas en avant significatif.
Le fonctionnement régulier du Mécanisme conjoint de coordination sécuritaire (JSCM) et du Comité de surveillance conjointe (JOC) confirme la pérennité institutionnelle du processus. La signature, le 14 octobre 2025, d’une entente entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23 pour la mise en place d’un mécanisme conjoint de vérification du cessez-le-feu dans le cadre du processus de Doha démontre la complémentarité des initiatives diplomatiques.
Néanmoins, les observateurs s’inquiètent des retards accumulés sur les aspects les plus sensibles de l’accord. La neutralisation des FDLR et la levée des mesures défensives rwandaises, pourtant identifiées comme prioritaires, accusent un retard significatif. Comment expliquer cette lenteur dans la mise en œuvre accord paix alors que les deux pays avaient adopté un calendrier conjoint en septembre dernier ?
La troisième réunion du JSCM, tenue les 21 et 22 octobre 2025 à Washington en présence des représentants américains, qataris et de l’Union africaine, a permis d’évaluer les progrès accomplis. Les participants ont examiné les efforts déployés dans le cadre de la phase 1 de l’OPORD, axée sur la préparation, l’analyse des menaces et le partage d’informations. Le communiqué final du Département d’État américain précise que les parties ont coordonné des actions spécifiques pour préparer les opérations cruciales à venir.
L’Accord de Washington et le processus de Doha constituent les deux piliers complémentaires de la diplomatie internationale dans la région. Tandis que le premier vise à restaurer les relations bilatérales et la coopération sécuritaire entre les deux capitales, le second s’attache à résoudre les dimensions internes du conflit, notamment la restauration de l’autorité de l’État et la réintégration des groupes armés.
La quatrième réunion du mécanisme, prévue les 19 et 20 novembre 2025, sera déterminante pour l’avenir du processus paix Grands Lacs. Les parties devront démontrer une volonté politique plus affirmée pour surmonter les obstacles actuels. Les relations RDC Rwanda restent au cœur des enjeux de stabilité régionale, et la communauté internationale observe avec attention l’évolution de cette situation complexe.
La fragilité des progrès accomplis souligne la nécessité d’une vigilance constante. Le Baromètre Accords Paix Afrique continuera de monitorer attentivement la mise en œuvre des engagements, alors que la région des Grands Lacs demeure à la croisée des chemins entre escalade des tensions et consolidation de la paix.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
