Dans un mouvement qui semble répondre à des dysfonctionnements persistants, le président Félix Tshisekedi a instauré un cadre formel rigoureux pour encadrer les missions officielles à l’étranger. Cette décision, annoncée en Conseil des ministres ce vendredi 24 octobre, confère au ministère des Affaires étrangères un rôle central dans la coordination des déplacements internationaux des officiels congolais.
Le Chef de l’État a-t-il perdu patience face à l’anarchie qui caractérisait certaines missions à l’étranger ? La question mérite d’être posée au regard de la fermeté du ton employé dans le compte-rendu ministériel. Désormais, « aucune mission officielle à l’étranger ne devra être entreprise sans information préalable du Ministre des Affaires Etrangères », stipule le document officiel. Une directive qui sonne comme un rappel à l’ordre pour certains officiels peu soucieux des procédures diplomatiques établies.
Cette réorganisation des missions officielles à l’étranger intervient dans un contexte géopolitique particulièrement sensible pour la République Démocratique du Congo. Alors que le pays fait face à l’agression rwandaise via la rébellion du M23 et participe à plusieurs initiatives diplomatiques régionales et internationales, la cohérence de la politique étrangère congolaise devient un impératif stratégique. Comment en effet défendre efficacement les intérêts nationaux sur la scène internationale lorsque les représentants de l’État agissent sans coordination ?
L’incident survenu à Paris au début du mois semble avoir joué le rôle de catalyseur dans cette prise de conscience présidentielle. Le vol de bijoux et d’effets personnels de valeur subi par Natacha Emmanuella Bolombo, directrice générale adjointe de l’aviation civile congolaise, lors d’un séjour dans la capitale française, a mis en lumière les failles du système d’accompagnement diplomatique. Cet épisode fâcheux, révélé par le média français Le Parisien et confirmé par le parquet de Meaux, illustre les risques encourus par les officiels congolais lorsque les missions diplomatiques ne sont pas informées de leur présence.
Le président Félix Tshisekedi présente cette mesure comme « le prolongement de la souveraineté nationale au-delà de nos frontières ». Une vision qui replace le ministère des Affaires étrangères au cœur de la diplomatie congolaise, lui redonnant sa mission fondamentale : défendre les intérêts de l’État et garantir la cohérence de sa politique étrangère. Cette recentralisation constitue-t-elle une simple formalité administrative ou marque-t-elle un tournant dans la gestion des relations internationales de la RDC ?
La nouvelle procédure impose à tout officiel, « quelque soit son rang ou la nature de sa mission », d’informer systématiquement le ministère des Affaires étrangères de tout déplacement officiel à l’extérieur du pays. Cette information permettra aux représentations diplomatiques concernées d’apporter un accompagnement approprié et d’assurer une coordination optimale. Le ministère des Affaires étrangères RDC devient ainsi le garant de l’efficacité et de la sécurité des missions officielles à l’étranger.
Dans un pays où la souveraineté nationale est constamment mise à l’épreuve, cette mesure de Félix Tshisekedi vise à affirmer la présence et la crédibilité de l’État congolais sur la scène internationale. Elle témoigne d’une volonté de professionnaliser la diplomatie congolaise et de mettre fin aux initiatives individuelles qui pouvaient nuire à l’image du pays. Reste à savoir si cette discipline s’imposera à tous les échelons de l’administration et résistera aux habitudes ancrées de certains officiels.
Alors que la RDC poursuit son combat pour préserver son intégrité territoriale et défendre ses intérêts stratégiques, cette réforme des missions officielles à l’étranger pourrait constituer un élément clé dans le renforcement de sa diplomatie. Le véritable test sera son application effective sur le terrain et sa capacité à prévenir de nouveaux incidents comme celui survenu à Paris. La crédibilité de la politique étrangère congolaise en dépend.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
