L’adhésion de la République Démocratique du Congo au Conseil des Pays producteurs d’Huile de Palme (CPOPC) en mars 2025 marque un tournant stratégique pour le développement agricole national. Cette intégration dans le cercle restreint des grands producteurs mondiaux ouvre des perspectives économiques majeures pour un secteur qui représente un pilier essentiel de la sécurité alimentaire et de la croissance rurale.
La visite technique actuelle d’experts internationaux, conduite par M. Antonius Yudi Triantoro du secrétariat général du CPOPC, constitue la première concrétisation opérationnelle de ce partenariat. Du 23 octobre au 1er novembre 2025, cette mission cible spécifiquement le renforcement des capacités dans les provinces de la Mongala et de la Tshopo, zones historiques de la production palmipède congolaise.
Le programme de formation aux Bonnes Pratiques Agricoles (GAP) déployé s’apparente à une véritable plateforme d’échanges bidirectionnels. Comment les techniques éprouvées en Malaisie et en Indonésie, leaders mondiaux du secteur, peuvent-elles s’adapter aux spécificités agroécologiques congolaises ? Cette approche collaborative permet de co-développer des solutions sur mesure, alignant les standards internationaux avec les réalités locales.
Lors des échanges au ministère de l’Agriculture, le Professeur Dr. Mwatsi Manyonzo, Conseiller du ministre, a souligné l’alignement parfait de cette initiative avec la vision gouvernementale. « Le potentiel considérable du pays grâce à ses vastes terres arables et aux programmes nationaux de distribution des semences de qualité trouve ici une traduction concrète », a-t-il affirmé.
PHC, acteur historique de la filière, joue un rôle de facilitateur déterminant dans cette transformation. Monique Gieskes, Directeur général de PHC, insiste sur la dimension structurante de ce partenariat : « L’adhésion au CPOPC représente une étape majeure qui ouvre la voie à des transferts de compétences concrets. Notre engagement à Yaligimba, avec des experts malaisiens et indonésiens, illustre cette dynamique de montée en puissance technique. »
L’évaluation du marché conduite par le CPOPC révèle des tendances consommateurs significatives. La préférence marquée pour l’huile de palme rouge non raffinée, ancrée dans les traditions culinaires locales, constitue un atout concurrentiel naturel. Paradoxalement, l’absence d’étiquetage « sans huile de palme » sur le marché local contraste avec les tendances internationales, confirmant l’ancrage culturel de ce produit dans le panier de la ménagère congolaise.
Cette absence de certification de durabilité, notamment RSPO, représente pourtant un gap stratégique. Ne constitue-t-elle pas une opportunité manquée pour pénétrer les marchés d’exportation exigeants ? La professionnalisation en cours, via les formations CPOPC, vise précisément à combler ce déficit et aligner les pratiques locales sur les standards internationaux.
Sur le plan macroéconomique, cette dynamique s’inscrit dans la vision présidentielle de « revanche du sol sur le sous-sol ». Le palmier à huile, culture pérenne à haute valeur ajoutée, pourrait devenir un vecteur de diversification économique, réduisant la dépendance aux minerais. Avec des formations palmier à huile RDC de plus en plus spécialisées, le pays se dote progressivement des compétences nécessaires pour transformer son potentiel agronomique en richesse nationale.
La synergie entre le CPOPC République Démocratique Congo et les acteurs locaux crée un écosystème favorable à l’émergence d’une filière compétitive. Le développement agriculture Mongala et la production huile palme Tshopo bénéficient directement de ce partenariat stratégique, qui combine transfert technologique et adaptation aux réalités territoriales.
À moyen terme, l’enjeu réside dans la capacité à créer une économie agricole congolaise résiliente, capable de répondre à la fois à la demande domestique croissante et aux opportunités d’exportation. La montée en gamme via des certifications de durabilité pourrait constituer le prochain chantier stratégique pour une filière en pleine transformation.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
