Ce lundi matin, les rues de Matadi offraient un spectacle inhabituel : un silence pesant où seules résonnaient les voix des piétons contraints de parcourir à pied des distances parfois kilométriques. « Je dois marcher plus d’une heure pour rejoindre mon lieu de travail, et je ne sais même pas si j’aurai encore mon emploi en arrivant », témoigne Jean-Luc, employé dans une entreprise locale, la sueur perlant sur son front.
La décision du maire Dominique Nkodia Mbete de réduire drastiquement les tarifs de transport a mis le feu aux poudres. Comment une telle mesure peut-elle être imposée sans consultation préalable des principaux concernés ? Les chauffeurs de taxi et motocyclistes, piliers de la mobilité urbaine, se sentent tout simplement méprisés. « Avec 500 francs congolais pour une course en moto, comment pouvons-nous subvenir aux besoins de nos familles ? », s’interroge un motocycliste rencontré près du marché central.
La paralysie totale de la circulation depuis 6h ce matin révèle une crise plus profonde. Derrière cette grève transport Matadi se cachent des réalités économiques souvent ignorées. L’augmentation du prix du carburant, l’entretien des véhicules, les charges familiales… Autant de facteurs qui rendent insoutenable cette baisse des tarifs. Les transporteurs sont-ils condamnés à travailler à perte ?
Les conséquences sociales de cette crise transport Kongo Central sont déjà visibles. Des milliers d’élèves ont manqué les cours, des travailleurs se sont présentés en retard ou absents, des commerces fonctionnent au ralenti. L’économie locale vacille sous le poids de ce conflit mairie chauffeurs qui n’aurait peut-être pas eu lieu avec plus de dialogue.
La réunion d’urgence convoquée par le maire représente-t-elle une lueur d’espoir ? Les représentants des chauffeurs arriveront-ils à faire entendre raison aux autorités municipales ? La population, elle, attend des solutions concrètes. « Nous comprenons la nécessité de réguler les prix, mais pas au détriment des travailleurs », souligne une mère de famille rencontrée sur le chemin de l’école.
Cette situation pose des questions fondamentales sur la gouvernance locale et la participation citoyenne. Comment concilier protection du pouvoir d’achat des usagers et revenus décents pour les transporteurs ? La recherche d’équilibre semble plus nécessaire que jamais dans cette crise qui dépasse le simple cadre tarifaire pour toucher à l’organisation même de la cité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
