Alors que l’année académique 2025-2026 vient de se clôturer officiellement à l’Institut Supérieur des Sciences de Santé de la Croix-Rouge de Kindu, une question cruciale se pose : comment former des professionnels de santé compétents dans des infrastructures inadaptées ? Le président du Conseil d’administration, Leazar Kakwala Bin Kalonda, a lancé un plaidoyer poignant lors de la cérémonie de collation des grades académiques ce samedi 25 octobre, appelant à la construction urgente d’un cadre d’étude digne de ce nom.
Face aux défis infrastructurels qui entravent le bon déroulement des enseignements, l’institution médicale du Maniema se trouve à la croisée des chemins. Comment peut-on véritablement appliquer le système LMD (Licence-Master-Doctorat) sans disposer des équipements et des espaces nécessaires ? Cette interrogation, maintes fois soulevée par le corps professoral et les étudiants, trouve aujourd’hui un écho dans le discours officiel de la direction.
« Nous ne voulons pas faire du copier-coller. Nous voulons offrir un enseignement qui reflète notre identité en tant que société de secours, auxiliaire des pouvoirs publics », a affirmé avec conviction Leazar Kakwala Bin Kalonda. Cette déclaration forte souligne la volonté de l’institution de développer une approche pédagogique adaptée au contexte local plutôt que de simplement reproduire des modèles étrangers.
Le système LMD, adopté dans de nombreuses institutions d’enseignement supérieur en République Démocratique du Congo, représente-t-il vraiment une avancée si son implementation se fait dans des conditions précaires ? La question mérite d’être posée, surtout lorsqu’il s’agit de former des professionnels de santé qui auront la lourde responsabilité de sauver des vies.
L’appel du président s’adresse particulièrement au gouvernement congolais et aux partenaires techniques et financiers, notamment le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et les agences des Nations Unies. Ces acteurs clés du développement pourraient-ils ignorer les besoins criants d’une institution qui se voue à la formation des cadres médicaux dans une région où les besoins sanitaires restent immenses ?
La situation actuelle des infrastructures universitaires en RDC, particulièrement dans le domaine de la santé, interpelle tous les acteurs du secteur éducatif. Comment expliquer que des institutions aussi vitales que celles dédiées à la formation des professionnels de santé puissent fonctionner dans des conditions aussi précaires ? Le cas de l’Institut Supérieur des Sciences de Santé de la Croix-Rouge de Kindu n’est malheureusement pas isolé, mais il illustre parfaitement les défis auxquels fait face l’enseignement supérieur médical dans plusieurs provinces du pays.
La Croix-Rouge, organisation humanitaire reconnue internationalement, se trouve ainsi confrontée à un paradoxe : comment maintenir des standards de qualité dans la formation des professionnels de santé tout en faisant face à des limitations infrastructurelles importantes ? L’engagement de l’institution envers l’excellence académique se heurte quotidiennement aux réalités matérielles, créant une tension entre les ambitions pédagogiques et les moyens disponibles.
Les conséquences de cette situation dépassent largement le cadre académique. En effet, la qualité de l’enseignement santé à Kindu a un impact direct sur les compétences des futurs professionnels qui seront amenés à travailler dans les structures sanitaires de la région. Une formation inadaptée ou insuffisante pourrait-elle compromettre les efforts de amélioration du système de santé dans le Maniema ? La question mérite une réflexion approfondie de la part de tous les acteurs concernés.
Au-delà des simples bâtiments, c’est toute une vision de l’éducation médicale qui est en jeu. Le système LMD, s’il est correctement implanté avec les infrastructures adéquates, pourrait permettre de former des professionnels de santé non seulement compétents sur le plan technique, mais aussi capables de répondre aux besoins spécifiques des communautés locales. Cette approche contextualisée de la formation médicale représente-t-elle l’avenir de l’enseignement supérieur en RDC ?
Alors que la cérémonie de collation des grades académiques a marqué la fin d’une année d’études, elle ouvre également le débat sur l’avenir de la formation des professionnels de santé au Congo. Le plaidoyer de Leazar Kakwala Bin Kalonda résonne comme un appel à l’action pour tous ceux qui croient en l’importance d’un enseignement médical de qualité, capable de produire des cadres compétents pour relever les défis sanitaires du pays.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
