Après dix jours de grève qui ont paralysé le système éducatif dans la province du Maniema, les salles de classe ont finalement rouvert leurs portes ce lundi 27 octobre. Cette grève enseignants Maniema, initiée le 13 octobre dernier, avait pour principal motif le non-paiement des salaires pendant plusieurs mois consécutifs. Comment un système éducatif peut-il fonctionner lorsque ceux qui en sont les piliers fondamentaux ne perçoivent pas leur dû ?
La reprise progressive des activités scolaires dans les écoles publiques de Kindu et des territoires avoisinants intervient après que les enseignants aient obtenu gain de cause concernant le paiement de deux mois de salaires. Cette avancée significative marque-t-elle pour autant la fin des difficultés chroniques que traverse le secteur éducatif congolais ? Les acteurs sur le terrain restent prudents, conscients que ce n’est peut-être qu’un répit temporaire dans une crise plus structurelle.
« Nous avons reçu deux mois de salaire, ce qui justifie notre reprise du travail. Mais, nous demandons au gouvernement de bien suivre le circuit de paiement pour éviter des retards, surtout quand l’argent est déjà décaissé », souligne Jonathan Edongo Mulenda, permanent territorial du Syndicat des enseignants du Congo (SYECO). Cette déclaration met en lumière une préoccupation majeure : la nécessité d’une traçabilité efficace des fonds alloués à l’éducation nationale Congo.
La reprise cours Kindu et ses environs soulève plusieurs interrogations sur la durabilité des solutions apportées. Les salaires enseignants RDC constituent-ils une priorité réelle pour les autorités ou simplement une variable d’ajustement dans la gestion des finances publiques ? La situation au Maniema reflète une problématique nationale qui mérite une attention particulière et des solutions durables.
Du côté des parents d’élèves, le soulagement est palpable mais teinté d’inquiétude. Beaucoup craignaient une année scolaire sérieusement compromise dès son commencement. « Nous espérons que cette reprise sera définitive et que nos enfants pourront suivre leur scolarité normalement », confie un parent rencontré devant une école de Kindu. Cette attente légitime des familles interpelle directement les responsables du secteur éducatif.
Le rôle du SYECO syndicat enseignants dans la résolution de ce conflit social mérite d’être souligné. Par une négociation constructive mais ferme, l’organisation syndicale a su trouver un terrain d’entente avec les autorités tout en préservant les intérêts fondamentaux des enseignants. Cette approche démontre l’importance du dialogue social dans la recherche de solutions aux crises récurrentes du secteur éducatif.
Au-delà de la simple question des salaires, c’est toute la problématique de la valorisation de la profession enseignante qui est en jeu. Comment attirer et retenir les talents dans l’enseignement lorsque les conditions de travail et de rémunération restent précaires ? La République Démocratique du Congo pourra-t-elle relever le défi de l’éducation pour tous sans une politique ambitieuse de reconnaissance du métier d’enseignant ?
Les autorités provinciales et nationales se trouvent désormais face à une responsabilité majeure : transformer cet épisode en opportunité pour réformer en profondeur le système de rémunération des enseignants. La transparence dans la gestion des fonds, la régularité des paiements et l’amélioration des conditions de travail constituent des impératifs non négociables pour garantir la stabilité du calendrier scolaire.
Alors que les élèves retrouvent le chemin des salles de classe, une question essentielle demeure : cette reprise marque-t-elle le début d’une nouvelle ère pour l’éducation au Maniema ou simplement une trêve temporaire dans un conflit latent ? La réponse dépendra largement de la capacité des différentes parties prenantes à instaurer un dialogue permanent et constructif.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
