Alors que le mois d’octobre s’achève, des centaines d’enseignants de la province éducationnelle Nord-Kivu 3 attendent toujours leurs salaires du mois de septembre. Cette situation récurrente pousse le corps enseignant à interpeller une fois de plus la Caritas Goma, gestionnaire des fonds de la gratuité scolaire en RDC. Comment expliquer ces retards persistants qui compromettent la stabilité du système éducatif dans cette région déjà fragile ?
Le Syndicat national des professionnels de l’enseignement tire la sonnette d’alarme face à ce qui semble devenir une habitude inquiétante. Selon Bandu Bauma Exaucé, secrétaire provincial du syndicat enseignant, les éducateurs doivent constamment se mobiliser et lancer des alertes pour obtenir ce qui leur est dû. « Il est temps de mettre fin aux arriérés et de verser les salaires ainsi que les primes de gratuité sans attendre les réclamations des enseignants », plaide-t-il.
La province éducationnelle Nord-Kivu 3, qui couvre les territoires de Masisi et Rutshuru, représente un maillon essentiel du système éducatif congolais. Pourtant, les enseignants de cette région se sentent souvent oubliés, contraints de travailler dans des conditions précaires malgré leur engagement indéfectible en faveur de l’éducation des jeunes générations. Ces retards de salaires ne font qu’aggraver une situation déjà difficile, où les infrastructures scolaires et les moyens pédagogiques font souvent défaut.
De son côté, la Caritas Goma apporte un éclairage différent sur cette situation tendue. L’organisation affirme que les fonds transférés par Kinshasa ne couvraient que la période allant jusqu’au mois d’août, et que ces salaires ont effectivement été versés. Les autorités de Caritas invitent les enseignants concernés à se présenter directement dans leurs bureaux pour toute clarification ou réclamation, plutôt que de passer par les médias.
Cette divergence de versions soulève plusieurs questions fondamentales sur la gestion des fonds de la gratuité scolaire en RDC. Où se situe exactement le point de blocage ? Est-ce au niveau du transfert des fonds depuis la capitale, ou dans leur redistribution au niveau local ? Comment assurer une meilleure coordination entre les différentes parties prenantes pour éviter ces situations de crise récurrentes ?
La gratuité scolaire, mesure phare du gouvernement congolais, vise à démocratiser l’accès à l’éducation pour tous les enfants. Pourtant, son application concrète rencontre encore de nombreux écueils, particulièrement dans les régions éloignées comme le Nord-Kivu. Les retards dans le paiement des salaires des enseignants risquent de compromettre les objectifs mêmes de cette politique ambitieuse.
Au-delà des chiffres et des dates de paiement, c’est la crédibilité du système éducatif tout entier qui est en jeu. Comment motiver les enseignants à donner le meilleur d’eux-mêmes lorsqu’ils doivent constamment se préoccuper de leur situation financière ? Comment assurer la continuité pédagogique dans ces conditions ? La réponse à ces questions déterminera l’avenir de l’éducation dans cette partie de la République Démocratique du Congo.
La situation actuelle appelle à une réflexion plus large sur la gestion des ressources éducatives et la nécessité de mettre en place des mécanismes plus efficaces et transparents. Alors que le pays s’efforce de reconstruire son système éducatif, la question des salaires des enseignants dans le Nord-Kivu représente un test crucial pour la mise en œuvre réussie des réformes en cours.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
