Dans un contexte où la République Démocratique du Congo demeure régulièrement épinglée pour les violences sexuelles perpétrées dans les zones de conflit, le Président Félix Tshisekedi opte pour une approche institutionnelle renforcée. La création de cette task-force RDC violence sexuelle permanente interroge autant qu’elle suscite l’espoir. Le chef de l’État joue-t-il son crédit international sur ce dossier sensible ou s’agit-il d’une simple opération de communication ?
L’annonce, faite lors de la 64ème réunion du Conseil des ministres RDC et portée par le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya, révèle une architecture décisionnelle placée directement sous l’autorité présidentielle. Cette configuration concentre les responsabilités au sommet de l’État, une stratégie qui pourrait s’avérer à double tranchant. La coordonnatrice présidentielle chargée de la Jeunesse, de la lutte contre les violences faites aux femmes et de la traite des personnes se voit confier la coordination opérationnelle de cette instance.
La task-force RDC violence sexuelle réunira « périodiquement les représentants des institutions concernées », selon les termes employés par Patrick Muyaya. Cette périodicité non précisée laisse planer le doute sur la réelle volonté d’action continue. Les institutions congolaises sauront-elles dépasser les traditionnelles lourdeurs administratives pour apporter des réponses concrètes aux victimes ? La question mérite d’être posée alors que les rapports internationaux continuent de dresser un tableau alarmant de la situation.
Le timing de cette annonce interpelle. Alors que la communauté internationale accentue sa pression sur Kinshasa concernant la protection des civils, particulièrement des femmes et des enfants, dans l’est du pays, le gouvernement congolais semble vouloir reprendre la main sur le narratif. La lutte violence sexuelle conflit devient ainsi un enjeu de souveraineté nationale autant qu’une exigence humanitaire. Félix Tshisekedi place délibérément ce dossier sous son autorité directe, assumant ainsi l’échec relatif des mécanismes précédents.
La composition de cette task-force permanente reste cependant dans le flou artistique. Quelles institutions seront effectivement représentées ? Le ministère de la Défense, dont certains éléments sont régulièrement accusés d’exactions ? Le système judiciaire, souvent défaillant dans le traitement des dossiers de violences sexuelles ? La société civile, pourtant indispensable dans l’accompagnement des victimes ? Autant de questions qui détermineront la crédibilité de cette nouvelle instance.
La coordination par la responsable présidentielle chargée de ces questions suggère une approche transversale, mais ne risque-t-elle pas de créer des doublons avec les missions du ministère du Genre, Famille et Enfant ? Cette architecture institutionnelle complexe pourrait-elle devenir contre-productive ? L’efficacité de la task-force RDC violence sexuelle se jugera à sa capacité à produire des résultats tangibles : baisse des cas documentés, meilleure prise en charge des victimes, et surtout, augmentation significative des poursuites judiciaires contre les auteurs.
Le défi est de taille pour le gouvernement de Félix Tshisekedi. Les violences sexuelles comme arme de guerre dans l’est du pays constituent une réalité persistante que les multiples initiatives précédentes n’ont pu endiguer. La nouvelle task-force parviendra-t-elle à briser ce cycle infernal où l’impunité reste la règle plutôt que l’exception ? La réponse se trouvera moins dans les déclarations officielles que dans les indicateurs concrets sur le terrain.
À travers cette décision, le président congolais envoie un signal fort à ses partenaires internationaux, mais aussi à l’opposition politique nationale qui ne manquera pas de scruter les premiers résultats de cette initiative. L’enjeu dépasse la simple question humanitaire : il touche à la crédibilité globale de l’action gouvernementale dans la protection des populations civiles. Le succès ou l’échec de cette task-force RDC violence sexuelle pourrait bien rejaillir sur l’ensemble de la politique sécuritaire du gouvernement.
La balle est désormais dans le camp de l’exécutif congolais. Les prochains mois révéleront si cette annonce du Conseil des ministres RDC portée par Patrick Muyaya correspond à une réelle volonté de changement ou simplement à un nouveau dispositif qui rejoindra la longue liste des structures créées puis abandonnées. Les organisations de défense des droits humains, tant nationales qu’internationales, observeront avec une attention particulière la mise en œuvre effective de cette task-force et ses premiers impacts sur le terrain.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
