Chaque mois, ce sont 57 jeunes vies qui retrouvent l’espoir au centre de santé de Kingoze, situé près de Bunia dans la province troublée de l’Ituri. Grâce au projet UniRR de l’UNICEF, cet établissement hospitalier mène un combat quotidien contre la malnutrition infantile qui frappe particulièrement les populations déplacées.
Comment fonctionne ce programme nutritionnel qui fait des miracles dans une région en crise ? L’infirmière-titulaire du centre, Mme Consolée, nous éclaire : « Nous sommes en programme nutritionnel de six mois avec l’UNICEF. Quand les enfants arrivent ici, certains sont méconnaissables, mais grâce aux soins appropriés, ils retrouvent rapidement la santé. »
Le cas de Bénédicte Gey, une enfant déplacée de 4 ans, illustre parfaitement l’efficacité de cette prise en charge. Après seulement deux semaines de soins nutritionnels intensifs, cette petite fille qui présentait des signes de malnutrition aiguë a pu retrouver un état de santé satisfaisant. « Au départ, Bénédicte était faible. Ses joues et son ventre étaient gonflés », témoigne sa grand-mère, Pascaline Goy, qui assume seule la charge de l’enfant depuis que la mère est partie se marier ailleurs.
Mais Bénédicte n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Le centre de santé Kingoze, installé en décembre 2019 peu après l’implantation du site de déplacés du même nom, fait face à une demande croissante. Les cas de malnutrition aiguë et sévère se multiplient parmi les enfants déplacés, créant une urgence humanitaire que l’unité nutritionnelle soutenue par l’UNICEF tente de contenir.
Quels sont les moyens déployés pour faire face à cette crise ? Le centre reçoit régulièrement des nutriments essentiels, des médicaments nutritionnels spécialisés, de la mébendazole et de la vitamine A grâce au projet UniRR. L’établissement dispose d’infrastructures complètes incluant une salle de réception, une salle de travail, une salle d’accouchement, une unité d’observation, un dépôt et une pharmacie. L’accès à l’eau potable grâce à un forage et l’énergie solaire complètent ce dispositif, tandis qu’une unité de destruction des déchets est en cours de construction.
Malgré ces efforts remarquables, les défis restent immenses. Les femmes déplacées rencontrées sur place expriment une préoccupation majeure : le manque de nourriture en dehors du centre compromet la continuité des soins nutritionnels pour leurs enfants. Comment maintenir les progrès accomplis si les familles ne peuvent pas assurer l’alimentation de base une fois rentrées chez elles ?
À cette difficulté s’ajoute la pénurie chronique de médicaments dans la pharmacie du centre. Le Dr Touré Lanfia, chargé de nutrition à l’UNICEF/Bunia, reconnaît la légitimité de ces préoccupations tout en précisant les limites du mandat de son agence : « Ces plaidoyers, bien que fondés, n’entrent pas dans le mandat de notre agence. »
La situation à Kingoze reflète un problème plus large de malnutrition enfants RDC, particulièrement aigu dans les zones de conflit comme l’Ituri. Les soins nutritionnels Bunia représentent un maillon essentiel dans la chaîne de survie des populations vulnérables, mais ne peuvent à eux seuls résoudre l’insécurité alimentaire structurelle.
Les déplacés Ituri malnutrition constituent une population doublement vulnérable : chassés de leurs terres par les violences, ils doivent en plus faire face à la faim et aux carences nutritionnelles. Le centre santé Kingoze apparaît comme une bouée de sauvetage dans cette tempête humanitaire, mais son action, si cruciale soit-elle, ne peut compenser l’absence de solution politique durable aux conflits qui déchirent la région.
Que faire alors pour consolider ces acquis fragiles ? La réponse nécessite une approche intégrée associant soins médicaux, sécurité alimentaire et retour à la paix. L’engagement des partenaires comme l’UNICEF projet UniRR reste vital, mais doit s’inscrire dans une stratégie plus globale de développement et de stabilisation de l’Ituri.
En attendant, le personnel soignant de Kingoze continue son combat, sauveur après sauveur, redonnant chaque mois à 57 enfants le droit de grandir en bonne santé. Un travail de fourmi face à une montagne de défis, mais qui prouve que même dans les contextes les plus difficiles, l’espoir persiste grâce au dévouement de celles et ceux qui refusent de baisser les bras.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
