L’éventuel retour de Joseph Kabila sur le sol congolais continue de susciter interrogations et analyses dans les cercles politiques nationaux. L’ancien chef de l’État, condamné à la peine de mort par la Haute cour militaire en septembre dernier pour participation à un mouvement insurrectionnel, pourrait-il véritablement revenir « quand il le veut et où il le veut » comme l’affirme son entourage ?
La déclaration d’Aubin Minaku, vice-président du PPRD, lors d’une conférence de presse du mouvement « Sauvons la RDC » à Nairobi, relance le débat sur le statut réel de l’ancien président. En qualifiant Kabila de « Congolais, ancien président congolais » pouvant circuler librement dans toutes les villes du pays, Minaku semble défier ouvertement le pouvoir en place. Cette prise de position interroge sur la marge de manœuvre réelle des autorités actuelles face à un potentiel retour de l’ancien chef de l’État.
La stratégie politique de Joseph Kabila mérite décryptage. Son récent passage dans l’est du pays, où il a mené des consultations avec diverses couches sociales dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, démontre une volonté manifeste de maintenir son influence sur le terrain. Ces régions, sous l’emprise du mouvement AFC/M23 selon Kinshasa, constituent-elles des bastions où l’ancien président pourrait trouver refuge en cas de retour ?
L’accusation portée par le président Félix Tshisekedi, qualifiant Kabila de parrain de l’AFC, ajoute une dimension sécuritaire cruciale à cette équation politique. Le pouvoir actuel peut-il se permettre de laisser circuler librement un homme condamné pour insurrection ? La réponse à cette question en dit long sur l’équilibre des forces réelles au sein de l’appareil d’État congolais.
La création du mouvement « Sauvons la RDC » apparaît comme une nouvelle pièce dans l’échiquier politique congolais. Cette plateforme, réunissant plusieurs opposants autour de Kabila, vise-t-elle à préparer le terrain pour un retour en force de l’ancien président ? La rhétorique employée par Minaku, évoquant « la passion et l’amour du Congo » comme agenda unique de Kabila, semble calibrée pour reconstruire une image positive de l’ancien chef de l’État.
Dans ce contexte, le jeu politique se complexifie. D’un côté, un pouvoir en place confronté à de multiples défis sécuritaires et économiques. De l’autre, un ancien président condamné mais conservant visiblement des relais d’influence significatifs. La question du retour de Joseph Kabila dépasse ainsi la simple personne pour toucher à l’équilibre institutionnel du pays.
Les prochains jours seront déterminants pour comprendre les rapports de force réels. Le gouvernement congolais réagira-t-il aux déclarations de Minaku ? Les soutiens de Kabila dans l’appareil d’État se manifesteront-ils plus ouvertement ? Autant de questions qui pèsent sur la stabilité politique de la RDC, alors que les spéculations sur un éventuel retour de l’ancien président continuent d’alimenter les débats.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
