L’accès aux soins de santé connaît une dégradation alarmante à Goma, capitale du Nord-Kivu, où les populations les plus vulnérables se retrouvent progressivement exclues du système de santé. La situation devient particulièrement critique dans plusieurs centres médicaux qui, après avoir fonctionné grâce au soutien d’organisations humanitaires, se voient contraints d’imposer des frais médicaux à leurs patients. Ce revirement s’explique par le désengagement progressif des ONG, confrontées à une double crise : l’insécurité persistante dans la région et une grave pénurie de liquidités affectant l’ensemble du secteur humanitaire.
Comment cette transition vers la facturation des soins impacte-t-elle concrètement la population? Le centre de santé de Buhimba, situé dans la périphérie ouest de Goma, illustre parfaitement cette inquiétante transformation. Selon les déclarations d’Emery Muhindo, infirmier titulaire de l’établissement, seuls 20% des patients parviennent actuellement à assumer les coûts des consultations et traitements. Ce pourcentage dramatiquement bas signifie que la grande majorité des malades doit renoncer aux soins médicaux essentiels, créant ainsi une véritable crise sanitaire silencieuse.
La baisse drastique de fréquentation des centres de santé n’est que la partie visible de l’iceberg. Derrière ces chiffres se cachent des réalités humaines douloureuses : des patients atteints de maladies curables qui se retrouvent contraints à l’automédication avec des plantes traditionnelles, des femmes enceintes privées de suivi prénatal, des enfants ne recevant pas les vaccins essentiels. Cette situation d’abandon médical organisé met directement en danger des vies humaines et pourrait entraîner une recrudescence de décès évitables, alerte le personnel soignant sur le terrain.
La crise humanitaire au Nord-Kivu atteint ainsi un nouveau palier avec cette dégradation accélérée de l’accès aux soins. Les professionnels de santé locaux, dépassés par l’ampleur des besoins et le manque de moyens, lancent un appel urgent aux autorités sanitaires et au gouvernement congolais. La restauration d’un accès gratuit aux soins de base devient impérative, particulièrement dans les zones les plus affectées par les conflits et la précarité. Sans intervention rapide, c’est l’ensemble du système de santé publique de la région qui risque de s’effondrer, annihilant des années de progrès en matière de couverture médicale.
Quelles solutions envisager face à cette crise sanitaire grandissante? Les spécialistes de la santé publique recommandent plusieurs approches complémentaires : le renforcement des structures sanitaires publiques, la mise en place de mécanismes de solidarité communautaire, et la recherche de nouveaux partenariats durables. La situation exige une réponse coordonnée impliquant à la fois les acteurs locaux, nationaux et internationaux. La santé des populations vulnérables de Goma et du Nord-Kivu ne peut plus attendre, alors que chaque jour d’inaction aggrave le pronostic vital de milliers de personnes.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
