La République Démocratique du Congo et la République Centrafricaine s’apprêtent à franchir un cap historique avec la construction imminente d’un pont de 600 mètres au-dessus de la rivière Oubangui. Cette infrastructure stratégique, véritable colonne vertébrale des échanges transfrontaliers, représente un investissement majeur dans l’intégration économique de la sous-région.
Le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a personnellement supervisé l’évaluation du projet lors de sa mission dans le Sud-Ubangi, soulignant l’importance capitale de cette réalisation pour le développement économique congolais. Comment cette infrastructure pourrait-elle transformer les dynamiques commerciales entre les deux nations ?
Ce pont Oubangui s’inscrit dans la continuité logique du corridor routier Douala-Mombasa, cet axe transafricain qui traverse la RDC sur des milliers de kilomètres. Le projet, porté conjointement par Kinshasa et Bangui avec l’appui technique et financier de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale et la Banque Africaine de Développement, représente bien plus qu’une simple traversée fluviale.
Jean Guylain Bilazo, chef de poste principal adjoint de la Direction générale des migrations à Zongo, ne cache pas son enthousiasme : « Nous produisons beaucoup, mais le transport de nos marchandises à travers la rivière reste une gymnastique. Ce pont facilitera les échanges et sera bénéfique pour notre économie. » Cette déclaration souligne les difficultés actuelles du port de Zongo, point névralgique des échanges transfrontaliers entre les deux pays.
L’impact économique attendu dépasse largement le cadre local. Le pont Oubangui devrait catalyser les échanges commerciaux entre la RDC et la RCA, deux économies complémentaires dont les potentialités restent sous-exploitées. La construction d’un poste frontalier moderne côté congolais permettra de rationaliser les procédures douanières et migratoires, réduisant considérablement les délais de transit.
Le port central de Zongo, visité par le vice-Premier ministre durant sa mission, connaîtra nécessairement une mutation profonde. Désigné comme le « poumon économique de la province » par les autorités locales, cette plateforme logistique verra ses capacités décuplées par la nouvelle infrastructure. La fluidification des échanges transfrontaliers devrait générer une augmentation significative du volume des transactions commerciales.
Dans une perspective macroéconomique, ce projet s’inscrit dans la stratégie plus large de désenclavement du continent africain. Le corridor Douala-Mombasa, dont le pont constituera un maillon essentiel, connectera l’Afrique centrale à l’Afrique de l’Est, créant ainsi un continuum économique de près de 4 000 kilomètres. Cette artère commerciale pourrait à terme redistribuer les cartes du commerce intra-africain.
Les retombées attendues pour le Sud-Ubangi sont considérables : création d’emplois directs et indirects, augmentation des recettes fiscales, développement d’activités économiques connexes et amélioration de la compétitivité des produits congolais. Le pont Oubangui représente ainsi un levier de développement territorial dont les effets se feront sentir bien au-delà des frontières provinciales.
Quels défis restent-ils à relever pour maximiser l’impact de cette infrastructure ? La maintenance future, la sécurité routière et l’adaptation des capacités logistiques locales constitueront autant de chantiers prioritaires pour les autorités congolaises et centrafricaines. La réussite de ce projet transfrontalier dépendra de la pérennité de la coopération entre les deux pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
