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Crédit carbone RDC : ERA Congo contre-attaque face aux ONG internationales

La forêt congolaise, ce poumon vert de l’humanité, devient aujourd’hui le théâtre d’une bataille idéologique aux enjeux colossaux. Alors que les forêts congolaises représentent le second massif forestier tropical mondial, leur préservation à travers les mécanismes de crédit carbone RDC suscite des tensions inédites entre acteurs de la conservation.

Le projet REDD+ Mai-Ndombe, porté par ERA Congo, se retrouve au cœur d’une tempête médiatique après la publication d’un rapport accablant par les organisations Rainforest UK et APEM. Intitulé « La grande ruée vers l’or vert », ce document réclame un moratoire immédiat sur tous les projets carbone en RDC, pointant du doigt des abus présumés envers les communautés locales.

Le Professeur Jean-Robert Bwangoy, directeur général d’ERA Congo, ne mâche pas ses mots pour dénoncer ce qu’il qualifie de « rapport mensonger ». Dans une interview exclusive à Kinshasa, le responsable s’insurge contre ce qu’il perçoit comme une manipulation des faits et une méconnaissance du terrain. « Rainforest doit arrêter de prétendre être le porte-parole des communautés locales », lance-t-il, le regard déterminé. « Je mets Rainforest au défi de me prouver sur terrain ce qu’ils ont réellement accompli avec les millions de dollars reçus des bailleurs internationaux ».

La controverse prend une tournure personnelle lorsque le professeur Bwangoy évoque un forage d’eau construit par Rainforest qui « n’aurait fonctionné que trois semaines ». Cette révélation, s’avère-t-elle exacte, jetterait une lumière crue sur l’efficacité réelle des interventions de certaines ONG internationales. Comment des organisations peuvent-elles critiquer des projets qu’elles n’arrivent pas elles-mêmes à mener à bien ?

La question du consentement libre et préalable des communautés constitue un autre point de friction majeur. Face aux accusations, ERA Congo défend sa pratique de réunions annuelles en décembre avec les populations locales pour renouveler leur accord. « Ce que Rainforest a écrit dans son rapport sont des histoires qu’ils écrivent depuis leurs bureaux », affirme le directeur général, visiblement agacé par ce qu’il considère comme une approche déconnectée des réalités congolaises.

Mais le plus grave, selon ERA Congo, réside dans la méthodologie employée par les enquêteurs. L’entreprise dénonce une « malhonnêteté intellectuelle » dans la présentation des éléments : « Ils ont mis mes réponses en annexes mais leurs questions dans le corps du rapport parce que personne ne lit les annexes. Ce n’est pas une bonne manière de faire ».

Pendant ce temps, sur le terrain, le projet REDD+ Mai-Ndombe continue de déployer ses actions concrètes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : prise en charge des frais d’examen d’État pour 1.798 élèves en 2024, soit une augmentation de 19% par rapport à 2023. Dix-neuf bacheliers brillants bénéficient de bourses universitaires, tandis que 1.215 enseignants voient leur travail reconnu et rémunéré dans 130 écoles.

L’impact sanitaire n’est pas en reste avec la construction de deux centres de santé modernes à Ibali et Bamboka, complétés par des cliniques mobiles pour répondre aux épidémies de Monkeypox et de rougeole. Trente forages d’eau potable ont été réalisés dans 27 villages, apportant une solution durable aux maladies hydriques qui ravagent traditionnellement ces communautés.

Face à la raréfaction des poissons dans le lac Mai-Ndombe, le projet innove avec vingt-cinq étangs de pisciculture aménagés et des cages flottantes expérimentales sur la rivière Mpongoboli. Ces initiatives locales, souvent ignorées dans les rapports internationaux, transforment pourtant concrètement le quotidien des populations.

Avec plus de vingt millions de tonnes de crédit carbone RDC vendues sur les vingt-deux millions certifiées, le projet démontre sa viabilité économique tandis que les communautés perçoivent directement les dividendes de leurs efforts de conservation. Cette approche qui compense les efforts de préservation forestière représente-t-elle l’avenir de la lutte contre le changement climatique en Afrique centrale ?

La forêt congolaise mérite-t-elle d’être préservée par ceux qui y vivent et la comprennent, ou doit-elle devenir l’objet de polémiques stériles entre acteurs internationaux ? Alors que le débat fait rage, une certesse émerge : les populations locales attendent des actes concrets bien plus que des rapports accusateurs. L’urgence climatique et le développement des communautés rurales congolaises ne peuvent plus attendre que les ONG internationales et les entreprises locales règlent leurs différends.

Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd

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Miché Mikito
Miché Mikito
Né au bord du majestueux fleuve Congo, à Kisangani, Miché Mikito vous propose une couverture sportive dynamique et un éclairage unique sur les enjeux environnementaux. Passionné de sport, il suit de près les compétitions locales et internationales tout en restant très attentif à la préservation des richesses naturelles du Congo. Miché est votre guide pour tout ce qui concerne le sport et l’environnement.
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