Alors que la cloche de la nouvelle année académique retentit à Mbandaka, la ministre de l’Enseignement supérieur déploie une feuille de route ambitieuse pour redresser le secteur universitaire congolais. Mais derrière les annonces officielles, quelles réalités attendent véritablement les acteurs du monde académique ?
La cérémonie d’ouverture de l’année académique 2025-2026, présidée par Marie Thérèse Sombo Ayanne, s’est transformée en tribune pour annoncer des réformes structurelles. Le thème « Enseignement supérieur, universitaire et recherche scientifique : comprendre notre mission pour bien agir » résume à lui seul l’approche adoptée par le gouvernement.
La ministre a égrené une série d’instructions qui dessinent les contours de cette nouvelle politique éducative. Le respect strict du calendrier académique apparaît comme une priorité, visant à mettre fin aux dérives chroniques qui perturbent le déroulement des années universitaires. Comment garantir cette ponctualité dans un contexte où les établissements peinent à fonctionner normalement ?
La bonne gouvernance des ressources et la délivrance des diplômes selon le système LMD complètent ce dispositif. La lutte contre les antivaleurs dans le secteur et le maintien du dialogue social constituent d’autres piliers de cette stratégie. Mais la ministre n’a pas fait que des promesses : elle a clairement averti que des sanctions sévères attendent les contrevenants.
L’annonce du démarrage prochain des travaux de l’Université moderne de Mbandaka a été saluée comme une avancée majeure. Ce projet s’inscrit dans la politique de décentralisation de l’offre universitaire et de renforcement des capacités locales. La construction de cette université à Mbandaka représente-t-elle le début d’une nouvelle ère pour l’enseignement supérieur en province ?
Pourtant, le tableau dressé par le professeur César Bongambo, recteur de l’Université de Mbandaka, vient tempérer l’enthousiasme des annonces gouvernementales. La non-mécanisation du personnel académique, le non-paiement des nouvelles unités, la vétusté des infrastructures et le manque d’équipements criants dessinent une réalité bien moins reluisante. Comment concilier les ambitions affichées avec ces difficultés structurelles persistantes ?
Les problèmes d’accès à l’électricité et à l’eau potable, couplés au blocage des frais de fonctionnement prévus au budget de l’État, soulèvent des questions fondamentales sur la capacité des établissements à mettre en œuvre les directives ministérielles. La réussite du calendrier académique 2025-2026 dépendra largement de la résolution de ces problèmes logistiques et financiers.
L’inauguration du Centre de santé de l’Institut Supérieur Pédagogique de Mbandaka, en clôture de la visite ministérielle, symbolise cette double réalité : des projets concrets voient le jour, mais les défis restent immenses. La communauté académique locale salue cette initiative tout en attendant des actions concrètes pour améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage.
La réforme de l’éducation au Congo se joue donc sur plusieurs fronts simultanés : modernisation des infrastructures, assainissement de la gestion, amélioration des conditions de travail et renforcement du dialogue social. Le succès de cette année académique 2025-2026 constituera un test décisif pour la crédibilité de cette politique éducative ambitieuse.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd