La République Démocratique du Congo traverse actuellement l’une des crises sanitaires les plus préoccupantes de ces dernières années. Avec plus de 58 000 cas suspects de choléra enregistrés entre janvier et septembre, le pays fait face à une épidémie d’une ampleur exceptionnelle qui dépasse toutes les prévisions. Comment en est-on arrivé à cette situation alarmante, et quelles solutions peuvent encore être mises en œuvre pour contenir cette maladie pourtant évitable ?
Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé publique, hygiène et prévoyance sociale, cette épidémie de choléra en RDC se classe parmi les plus graves de la dernière décennie. Le taux de létalité dépasse les 3%, avec plus de 1 700 décès recensés depuis le début de l’année. Une véritable course contre la montre s’engage alors que la saison des pluies approche, menaçant d’aggraver encore la propagation de la maladie.
Médecins Sans Frontières, en première ligne dans la lutte contre cette épidémie de choléra en RDC, tire la sonnette d’alarme avec une urgence particulière. L’organisation internationale souligne que 20 des 26 provinces du pays sont désormais touchées, y compris des zones non endémiques jusqu’à présent épargnées. Cette expansion géographique inquiétante s’explique par plusieurs facteurs : inondations récurrentes, conflits armés persistants, déplacements massifs de populations et faiblesse structurelle des systèmes d’assainissement.
Mais pourquoi cette épidémie prend-elle une telle ampleur cette année ? La réponse réside dans une combinaison de circonstances défavorables. Le désengagement de plusieurs bailleurs internationaux en début d’année a contraint de nombreux acteurs humanitaires à réduire leurs activités, créant un vide dans la réponse sanitaire. Parallèlement, l’insécurité persistante dans plusieurs régions complique l’accès aux populations vulnérables et retarde l’acheminement des secours.
Face à cette crise sanitaire au Congo, MSF a intensifié ses interventions dans plusieurs provinces particulièrement affectées : Nord et Sud-Kivu, Maniema, Sankuru, Tshopo, Équateur, Kinshasa, Mai-Ndombe, Haut-Katanga et Tanganyika. Depuis janvier, l’organisation a mené 16 interventions d’urgence, permettant de soigner plus de 35 800 patients et de vacciner plus de 22 000 personnes contre le choléra. Des chiffres impressionnants, mais qui restent insuffisants face à l’ampleur de la catastrophe.
La mortalité due au choléra en RDC pourrait-elle être évitée ? Absolument. Le choléra est une infection bactérienne hautement contagieuse mais parfaitement évitable avec des mesures appropriées. Sa propagation est directement liée à l’accès limité à l’eau potable, aux systèmes d’assainissement défaillants et aux conditions d’hygiène précaires, particulièrement dans les zones densément peuplées et les sites de déplacés internes. Des solutions existent pourtant : installation de points de chloration, renforcement des systèmes d’eau et d’assainissement, formation d’agents communautaires.
Les obstacles sur le terrain restent cependant considérables. L’insuffisance de financement, le manque de coordination entre acteurs, la pénurie de personnel médical et de fournitures essentielles, ainsi que la distribution limitée des vaccins constituent autant de freins à une réponse efficace. La fermeture prolongée des aéroports de Bukavu et Goma ajoute une difficulté supplémentaire en entravant l’acheminement du matériel médical vers les zones les plus touchées.
Que faire alors face à cette urgence sanitaire ? La réponse doit être multisectorielle et coordonnée. Au-delà des interventions médicales d’urgence, des investissements durables dans l’eau potable et l’assainissement s’imposent. La prévention par la vaccination et la sensibilisation des communautés aux mesures d’hygiène de base représentent également des axes prioritaires. Chaque jour compte alors que la saison des pluies menace d’aggraver la situation.
La RDC fait aujourd’hui face à un défi sanitaire majeur qui dépasse la seule question du choléra. Le pays doit simultanément gérer plusieurs épidémies – Ebola, mpox, rougeole – dans un contexte de ressources limitées. La mobilisation de tous les acteurs, nationaux et internationaux, s’avère plus que jamais nécessaire pour éviter que cette crise ne se transforme en catastrophe humanitaire de grande ampleur. Le temps presse, et chaque action compte pour sauver des vies.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd