La course à la présidence de l’Assemblée nationale connaît un nouveau développement avec l’entrée en lice du député Doudou Mangu Mangu Dunia. Cet élu de Lukunga, membre influent de l’UDPS-Tshisekedi, a officiellement annoncé sa candidature ce mercredi 22 octobre, déclarant avoir obtenu l’aval de sa formation politique pour briguer ce poste stratégique.
Dans une déclaration à la presse, le député a affirmé : « Je suis candidat au poste de président de l’Assemblée nationale. J’annonce cette candidature après avoir reçu le feu vert des autorités de mon parti, l’UDPS-Tshisekedi ». Cette annonce intervient dans un contexte politique particulier où la majorité parlementaire issue de la mosaïque Union sacrée tente d’affirmer son leadership.
Le député Mangu Mangu Dunia justifie sa candidature en s’appuyant sur le poids numérique de sa coalition. « Mon parti et notre mosaïque comptent plus de 150 députés. À ce titre, nous sommes bien placés pour gérer l’Assemblée nationale », a-t-il estimé. Un calcul politique qui semble reposer sur une lecture attentive des équilibres parlementaires, mais qui soulève une question fondamentale : cette majorité affichée suffira-t-elle à emporter l’élection ?
La stratégie du candidat ne s’arrête pas à cette simple déclaration d’intention. Il annonce son intention de déposer sa candidature au Secrétariat permanent de l’Union sacrée, plateforme de la majorité présidentielle, pour une validation supplémentaire. « J’irai déposer ma candidature, qui a reçu le quitus de mon parti, au Secrétariat de l’Union sacrée pour qu’elle soit aussi portée par cette dernière », a-t-il précisé. Cette démarche démontre une compréhension fine des mécanismes de légitimation au sein de la majorité présidentielle.
Sur le fond, le député originaire du Nord-Kivu présente un profil qui, selon lui, répond parfaitement aux critères constitutionnels. « L’article 27 évoque des critères liés au niveau d’études, à l’expérience et à l’honorabilité. Je détiens le plus haut diplôme, je suis docteur en droit, professeur d’université et avocat depuis plus de 20 ans », argumente-t-il. Un curriculum vitae impressionnant qui pourrait effectivement peser dans la balance.
Mais l’argument le plus surprenant réside dans la revendication d’une continuité géopolitique. « Quant à l’honorabilité, il n’y a rien à dire. Même sur le plan géopolitique, je représente le Nord-Kivu, après Vital Kamerhe du Sud-Kivu. Le poste doit rester au Kivu », soutient le candidat. Cette lecture régionaliste de la succession interroge sur l’évolution des équilibres territoriaux au sein des institutions congolaises.
Le contexte institutionnel actuel voit deux postes vacants au Bureau de l’Assemblée nationale, suite aux démissions de Vital Kamerhe et Dominique Munongo. Le président par intérim de la Chambre basse, Isaac Jean-Claude Tshilumbayi, a récemment annoncé le lancement du processus de remplacement, créant ainsi une fenêtre d’opportunité que Mangu Mangu Dunia entend bien saisir.
Cette candidature s’inscrit dans un paysage politique plus large où la majorité parlementaire RDC tente de consolider ses positions. La question qui se pose désormais est de savoir si cette initiative renforcera la cohésion de l’Union sacrée ou si, au contraire, elle révélera des fractures latentes. Le député joue manifestement gros dans cette manœuvre, dont l’issue pourrait reconfigurer durablement les rapports de force au sein de l’institution parlementaire.
Les prochains jours seront décisifs pour cette candidature à la présidence de l’Assemblée nationale. L’examen du dossier par le Secrétariat de l’Union sacrée constituera un premier test décisif. Au-delà des qualifications personnelles du candidat, c’est la capacité de la majorité à porter un candidat consensuel qui sera scrutée. La succession à la tête de l’Assemblée nationale dépasse ainsi la simple question personnelle pour devenir un véritable baromètre de la cohésion de la majorité présidentielle.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd