Une nuit de pluie qui devait être ordinaire s’est transformée en cauchemar pour les habitants de Beni. Alors que Bienvenu Lwanga, 27 ans, père de trois enfants, dormait paisiblement dans son lit, un mur de soutènement s’est effondré sur sa maison, l’ensevelissant sous les décombres. Ce drame survenu dans le quartier Butanuka, commune de Beu, illustre la vulnérabilité croissante des populations face aux caprices de la nature.
« Nous avons entendu un bruit terrible, puis des cris », raconte un voisin, encore sous le choc. « En quelques minutes, les eaux des rivières Munyabelu, Biautu et Tuha ont tout emporté sur leur passage. Des maisons, des biens, et malheureusement une vie humaine ».
La scène qui s’offre aux yeux des secouristes est apocalyptique : des habitations détruites, des rues transformées en torrents, et le corps de la victime toujours prisonnier des décombres, en attendant l’arrivée des services spécialisés de la protection civile. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi ces pertes humaines que les autorités qualifient pourtant « d’inutiles » ?
Jean-Paul Kapitula, le coordonnateur du service de protection civile à Beni, ne cache pas son amertume. « Nous faisons face à une double peine : le manque criant de ressources pour répondre efficacement à ces catastrophes, et l’absence d’un système de prévention digne de ce nom ». Ses mots résonnent comme un aveu d’impuissance face à la répétition de ces tragédies.
La mémoire collective se souvient encore de ces quatre vies emportées le 5 août dernier par la crue de la même rivière Tuha. Aujourd’hui, le scénario se répète, implacable. Dans la partie sud-est de la ville, de nombreux biens ont été emportés par les eaux, plongeant des familles entières dans la précarité.
Face à cette urgence, les cadres de base tentent d’organiser la résilience. Leur message est clair : « Parents, surtout ceux vivant près des cours d’eau, redoublez de vigilance pendant cette période pluvieuse ». Un appel à la prudence qui sonne comme un cri d’alarme dans une ville où les infrastructures peinent à suivre le rythme de l’urbanisation galopante.
La question qui se pose aujourd’hui est celle de la responsabilité collective. Jusqu’à quand devrons-nous compter les morts après chaque pluie torrentielle à Beni ? Quand mettra-t-on en place des mécanismes de protection dignes de ce nom pour préserver des vies humaines ?
Les inondations à Beni ne sont plus une fatalité, mais le symptôme d’un malaise plus profond. Entre urbanisation sauvage, manque de planification et insuffisance des infrastructures de drainage, la ville semble condamnée à revivre cycliquement le même scénario catastrophe.
Alors que la protection civile peine à faire face à l’ampleur des dégâts matériels, une réflexion s’impose sur la nécessité d’investir dans des systèmes d’alerte précoce et d’aménagement des zones à risque. Car derrière chaque statistique se cache une histoire humaine brisée, comme celle de Bienvenu Lwanga, qui ne reverra jamais ses trois enfants grandir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd