Dans un contexte de tensions sécuritaires persistantes dans l’Est de la République démocratique du Congo, le gouvernement congolais intensifie ses efforts de modernisation des Forces armées. Le Vice-Premier Ministre de la Défense nationale, Guy Kabombo Muadiamvita, effectue actuellement une visite officielle au Brésil, marquant une étape significative dans le renforcement de la coopération militaire entre les deux nations.
Accompagné du Lieutenant-Général Jacques Ychaligonza Nduru, chef d’état-major général adjoint des FARDC, et d’autres hauts responsables du secteur de la défense, la délégation congolaise a entamé son périple par une série de visites techniques à São Paulo. Le cœur industriel brésilien a ouvert ses portes aux officiels congolais, particulièrement dans le domaine stratégique de l’équipement militaire.
La société Embraer, fleuron de l’industrie aérospatiale brésilienne avec plus de cinquante ans d’expérience, a constitué l’une des étapes majeures de cette tournée. Les responsables congolais ont pu assister à des démonstrations d’équipements militaires de dernière génération, suscitant un intérêt particulier dans le cadre de la modernisation des capacités aériennes des FARDC.
Comment cette coopération militaire RDC-Brésil pourrait-elle transformer l’équilibre des forces dans la région? Les observateurs notent que cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification des partenariats de défense, réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis des fournisseurs traditionnels.
Le programme de cette visite de Guy Kabombo au Brésil prévoit des entretiens bilatéraux avec son homologue brésilien José Múcio Monteiro. Le point d’orgue de ces discussions devrait être la signature formelle d’un accord de coopération militaire, concrétisant ainsi la déclaration d’intention paraphée en août dernier.
Cette initiative s’aligne parfaitement avec la vision du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Commandant suprême des forces armées, qui a fait de la modernisation des FARDC une priorité absolue. La situation sécuritaire dans l’Est du pays, marquée par l’agression rwandaise à travers la rébellion du M23, impose en effet une réponse militaire adaptée et efficace.
La visite actuelle s’inscrit dans le prolongement de la mission interministérielle dépêchée en Amérique latine en août dernier. Cette délégation, conduite par la ministre d’État Thérèse Kayikwamba Wagner, avait alors parcouru l’Uruguay, l’Argentine et le Brésil pendant dix jours, posant les jalons d’une coopération Sud-Sud renouvelée.
Le timing de cette nouvelle initiative diplomatique n’est pas anodin. Alors que les tensions régionales persistent, Kinshasa cherche à consolider son appareil de défense tout en diversifiant ses alliances stratégiques. L’accord de défense RDC-Brésil envisagé pourrait apporter une réponse concrète aux besoins pressants des forces armées congolaises.
Les discussions techniques avec Embraer revêtent une importance particulière dans ce contexte. La société brésilienne, reconnue pour son expertise dans les domaines de l’aéronautique et de la sécurité, pourrait constituer un partenaire de choix pour la modernisation de la composante aérienne des FARDC.
Au-delà des aspects purement militaires, cette coopération émergente entre la RDC et le Brésil s’inscrit dans une vision géopolitique plus large. Elle témoigne de la volonté congolaise de développer des partenariats mutuellement bénéfiques avec les économies émergentes, dans un esprit de solidarité Sud-Sud et de convergence d’intérêts stratégiques.
La signature imminente de l’accord de coopération militaire constituera sans doute un tournant dans les relations bilatérales entre Kinshasa et Brasilia. Elle ouvrira la voie à des échanges techniques approfondis, des programmes de formation et, potentiellement, des acquisitions d’équipements adaptés aux défis sécuritaires spécifiques de la RDC.
Cette démarche s’avère d’autant plus cruciale que la situation dans les provinces orientales continue d’évoluer dans un contexte de grande complexité. La modernisation des équipements des FARDC apparaît comme une condition sine qua non pour faire face aux défis sécuritaires multiples qui menacent la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd