Malgré l’accord de cessez-le-feu signé sous médiation qatarienne le 14 octobre 2025, les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo restent le théâtre d’affrontements violents. La persistance des combats entre les rebelles de l’AFC/M23 et les combattants Wazalendo, alliés aux FARDC, remet en question l’efficacité du mécanisme de surveillance établi.
Dans le Nord-Kivu, la situation sécuritaire s’est particulièrement détériorée ce dimanche 19 octobre. Des combats intenses ont éclaté dans le territoire de Nyiragongo, à proximité immédiate du parc national des Virunga. Les territoires de Masisi et la localité de Bibwe ont également connu des affrontements, provoquant des mouvements de panique parmi les populations civiles. Des déplacements massifs ont été observés, ajoutant une pression supplémentaire sur une crise humanitaire déjà critique.
La matinée du lundi 20 octobre a apporté son lot de nouvelles violences. Les villages de Nyabiondo et Kaanja, en territoire de Masisi, ont été le cadre de nouveaux affrontements. Ces développements récents démontrent la fragilité du cessez-le-feu RDC Nord-Kivu et soulèvent des questions sur la capacité des différents acteurs à respecter leurs engagements.
Au Sud-Kivu, la situation n’est guère plus encourageante. Les combats se poursuivent sans relâche autour du parc national de Kahuzi-Biega depuis une semaine complète. Les territoires de Walungu et les localités périphériques restent particulièrement affectés par ces violences qui opposent principalement les rebelles de l’AFC M23 aux combattants Wazalendo.
La complexité du conflit est accentuée par la nature même des groupes Wazalendo. Leur dispersion et leur autonomie relative rendent toute coordination difficile, compromettant ainsi le respect effectif du cessez-le-feu. Comment un accord peut-il être appliqué lorsque l’une des parties prenantes aux combats n’en est pas signataire ? Cette question fondamentale se pose avec acuité alors que les violences persistent.
Des sources sécuritaires proches du dossier indiquent que la réussite de la mise en œuvre du mécanisme de cessez-le-feu dépendra largement du comportement des combattants Wazalendo sur le terrain. Leur non-inclusion formelle dans l’accord Qatar RDC complique considérablement les efforts de désescalade entrepris par les médiateurs internationaux.
L’implication régionale dans ce conflit continue de faire débat. Selon plusieurs rapports internationaux, l’offensive du M23 bénéficierait du soutien rwandais. Le gouvernement congolais, quant à lui, maintient sa qualification de l’AFC/M23 en tant que groupe terroriste. Cette perception influence nécessairement la dynamique des négociations et la mise en œuvre des accords.
La crise humanitaire dans l’Est Congo atteint des proportions alarmantes. Des centaines de milliers de déplacés internes errent dans la région, cherchant refuge contre les combats qui ravagent leurs villages. Les organisations humanitaires peinent à répondre à l’ampleur des besoins, tandis que l’accès aux zones de conflit reste limité par l’insécurité persistante.
La communauté internationale observe avec inquiétude l’évolution de cette situation. L’accord de cessez-le-feu, pourtant salué comme une avancée significative, montre déjà ses limites face à la complexité du terrain. La dispersion des groupes armés, les enjeux régionaux et les dynamiques locales créent un cocktail explosif qui menace la stabilité de toute la région des Grands Lacs.
Les prochains jours seront déterminants pour l’avenir de cet accord. Soit les parties parviendront à imposer un respect effectif du cessez-le-feu, soit les combats risquent de s’intensifier, avec des conséquences humanitaires encore plus dramatiques pour les populations civiles prises au piège de ce conflit qui semble sans fin.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
