Dans la chaleur étouffante du territoire de Nyunzu, la colère des enseignants a fini par exploser. «Nous ne pouvons plus nourrir nos familles, comment voulez-vous que nous continuions à enseigner dans ces conditions ?» s’interroge l’un des manifestants, le visage marqué par l’amertume. Cette question, des centaines d’enseignants se la posent aujourd’hui alors qu’ils se retrouvent sans salaire depuis trois longs mois.
La manifestation du mardi 21 octobre a rapidement tourné au vinaigre lorsque les éducateurs, excédés par l’absence de paiement de leurs salaires pour les mois d’août, septembre et octobre, ont vu les agents payeurs quitter Nyunzu sans avoir honoré leurs engagements. La frustration accumulée a conduit au saccage du bureau du groupe scolaire Mulongo et de la résidence du sous-proved de l’EPST Nyunzi 1, des actes de vandalisme qui témoignent du désespoir profond qui anime le corps enseignant.
Rashidi Fataki Abdallah, porte-parole du syndicat des enseignants de Nyunzu, ne cache pas son amertume : «La patience des enseignants est à bout. Comment expliquer à nos enfants que nous devons travailler sans être payés ? Comment justifier devant nos familles que nous ne pouvons plus subvenir à leurs besoins fondamentaux ?» Ces questions résonnent comme un cri d’alarme dans toute la province du Tanganyika.
La situation devient d’autant plus incompréhensible que selon Ernest Mwamba, sous-proved de l’EPST Nyunzi 1, une partie des enseignants de l’intérieur du territoire aurait bel et bien reçu leurs salaires. Cette disparité de traitement alimente un sentiment d’injustice criant parmi les enseignants de Nyunzu, creusant davantage le fossé de la défiance envers les institutions.
Au cœur de cette tempête sociale se trouve la banque Afriland First Bank RDC, pointée du doigt pour le blocage des salaires. Les multiples tentatives pour obtenir des explications de la part de l’institution financière sont restées vaines, laissant planer un épais voile sur les raisons de cette situation qui plonge le système éducatif local dans une crise sans précédent.
Les branches brandies par les manifestants lors de cette colère collective symbolisent plus qu’une simple protestation : elles représentent l’ultime recours d’une profession sacrifiée, d’éducateurs qui voient leur dignité bafouée et leur mission fondamentale compromise. Les affrontements rapportés par des témoins, qui ont causé des blessures parmi les enseignants, illustrent la violence d’un système à bout de souffle.
La crise des enseignants à Nyunzu dépasse largement la simple question des salaires impayés. Elle interroge sur la place de l’éducation dans nos priorités nationales, sur le respect dû à ceux qui forment les générations futures, et sur la capacité de notre société à préserver ses fondamentaux. Quand les enseignants manifestent leur désespoir dans les rues, c’est l’avenir de toute une région qui se joue.
La manifestation des enseignants de Nyunzu et le blocage des salaires par Afriland First Bank posent une question fondamentale : jusqu’où peut-on pousser la patience de ceux qui détiennent les clés de l’avenir de nos enfants ? Alors que la colère gronde dans le Tanganyika, c’est tout le système éducatif congolais qui semble au bord de l’implosion.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
