La province de l’Ituri fait face à une situation alarmante concernant la prévalence du VIH, avec un taux atteignant les 5%, l’un des plus élevés en République Démocratique du Congo. Cette réalité préoccupante soulève une question essentielle : comment une région peut-elle contenir une épidémie lorsque les outils fondamentaux de lutte font défaut ?
Le Programme National Multisectoriel de Lutte contre le Sida (PNMLS) tire la sonnette d’alarme face aux nombreux défis qui entravent la prise en charge efficace des personnes vivant avec le VIH dans cette province. Le Dr Michel Mbuyu, coordonnateur du programme, dresse un constat sans appel : « Notre plus grande inquiétude concerne le manque sévère d’antirétroviraux pédiatriques, créant une génération sacrifiée d’enfants séropositifs sans accès aux traitements essentiels. »
La situation devient particulièrement critique dans la zone de Mungwalu, où les statistiques récentes indiquent une séroprévalence vertigineuse de 20%. Comment expliquer un tel chiffre dans une seule localité ? L’analyse des experts pointe vers la combinaison dangereuse entre l’activité minière, la mobilité des populations et la faible couverture des services de santé en milieu rural.
Les ruptures fréquentes des intrants de dépistage constituent un autre obstacle majeur. Imaginez-vous devant une porte close lorsque vous souhaitez connaître votre statut sérologique ? C’est la réalité quotidienne pour de nombreux habitants de l’Ituri. Le Dr Mbuyu précise que « le nombre officiel de personnes dépistées, environ 25% de la population, sous-estime probablement la réalité, car beaucoup restent non dépistées. »
L’insécurité persistante dans la région aggrave considérablement la situation. Les déplacements forcés des personnes vivant avec le VIH interrompent leurs traitements, créant un double risque : deterioration de leur état de santé et augmentation de la propagation du virus. Comment maintenir une thérapie antirétrovirale lorsque la survie immédiate prime sur tout autre considération ?
Face à cette urgence sanitaire, le PNMLS lance un appel pressant à la mobilisation des ressources et demande au gouvernement d’intégrer durablement la lutte contre le VIH dans le budget national. Sans une action rapide et coordonnée, la province risque de connaître une résurgence incontrôlée de l’épidémie, avec des conséquences dévastatrices pour les générations futures.
La question des antirétroviraux pédiatriques mérite une attention particulière. Comment envisager l’avenir lorsque les enfants nés avec le VIH ne reçoivent pas les traitements adaptés à leur condition ? Cette carence spécifique pourrait compromettre des années de progrès dans la lutte contre la transmission mère-enfant.
Les spécialistes s’accordent sur la nécessité d’une approche intégrée, combinant renforcement du système de santé, sécurisation des zones rurales et minières, et campagnes de dépistage ciblées. La prévalence du Sida en RDC, particulièrement en Ituri, requiert des solutions adaptées aux réalités locales et un engagement soutenu de tous les acteurs.
La situation à Mungwalu sert de signal d’alarme pour l’ensemble de la province. Une séroprévalence de 20% n’est pas une simple statistique, mais le reflet d’une crise humanitaire qui nécessite une réponse immédiate et proportionnée. L’expérience montre que chaque jour perdu dans la mise en œuvre des stratégies de contrôle permet au virus de gagner du terrain.
Que faire concrètement ? Les recommandations du PNMLS incluent le renforcement de la chaîne d’approvisionnement en médicaments, la formation du personnel soignant local, et l’intensification des programmes de prévention dans les communautés les plus touchées. L’intégration des services VIH dans les structures de santé existantes représente également une piste prometteuse pour améliorer l’accès aux soins.
La mobilisation contre le VIH en Ituri n’est pas seulement une question de santé publique, mais un impératif humanitaire. Chaque personne non dépistée, chaque traitement interrompu, chaque enfant sans accès aux antirétroviraux pédiatriques représente un échec collectif. L’urgence est réelle, et le temps presse pour inverser la tendance dans cette province oubliée.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net