La réforme des transports à Kinshasa connaît un tournant décisif avec l’ultimatum lancé par Jésus-Noël Sheke, ministre provincial en charge des Transports et de la Mobilité Urbaine. Dans une démarche qui pourrait bien redéfinir les règles du jeu dans un secteur longtemps miné par les pratiques opaques, le gouvernement provincial exige la régularisation sous 72 heures de tous les contrats de partenariat. Cette initiative audacieuse place le ministre Sheke en première ligne d’une bataille politique et administrative dont l’issue pourrait sceller son avenir ministériel.
Le communiqué officiel publié ce jeudi ne laisse place à aucune ambiguïté : toutes les sociétés et partenaires contractants opérant dans le domaine des transports kinshasais doivent se conformer à un audit général et à un contrôle de conformité. Cette mesure s’inscrit dans la lutte contre la corruption qui gangrène le secteur des transports, un des principaux chevaux de bataille du ministre Sheke. Mais au-delà des déclarations d’intention, cette décision représente-t-elle une véritable volonté de changement ou simplement une opération de communication politique ?
La liste des documents exigés est pour le moins exhaustive : contrats de partenariat établis avec la Ville-Province de Kinshasa, rapports d’activités détaillant la structure administrative et opérationnelle, sans oublier les rapports financiers couvrant les douze derniers mois. Cette transparence forcée constitue un revirement notable dans les pratiques administratives habituelles. Le ministre joue ici un pari risqué, s’attaquant à des intérêts établis et à des réseaux d’influence bien ancrés.
La menace de sanctions administratives sévères, pouvant aller jusqu’à la suspension immédiate des contrats, démontre la détermination affichée par l’autorité provinciale. Cette rigueur affichée dans la lutte contre la corruption dans les transports répond à une attente croissante de la population kinshasaise, lassée par les dysfonctionnements chroniques du système. Cependant, la mise en œuvre effective de ces mesures sanctions restera le véritable test de crédibilité pour cette initiative.
Sur le plan politique, le ministre Sheke accumule les portefeuilles – Planification Provinciale, Budget, Fonction Publique, Emploi et Tourisme – lui donnant une emprise théorique sur l’ensemble de la machine administrative. Cette concentration de pouvoirs lui offre les moyens de ses ambitions réformatrices, mais la rend aussi vulnérable en cas d’échec. La réussite de cet audit des contrats de transport pourrait constituer le premier jalon d’une restructuration plus large de la mobilité urbaine en RDC.
Les opérateurs du secteur se trouvent désormais face à un dilemme : se plier à cette exigence de transparence ou risquer la suspension de leurs activités. La courte durée du délai – soixante-douze heures seulement – souligne l’urgence que le gouvernement provincial accorde à cette opération. Cette précipitation calculée empêche-t-elle une préparation minutieuse ou constitue-t-elle au contraire une stratégie pour surprendre des opérateurs peu scrupuleux ?
L’enjeu dépasse la simple régularisation administrative. Il s’agit ni plus ni moins de restaurer la confiance des citoyens envers des institutions publiques souvent décriées. La mobilité urbaine à Kinshasa, véritable casse-tête quotidien pour des millions d’habitants, pourrait trouver dans cette réforme des transports une amorce de solution. Mais le chemin reste semé d’embûches, entre résistances administratives et pressions politiques.
La suite des événements dira si cette offensive du ministre Sheke marque un tournant décisif dans la modernisation des transports à Kinshasa ou si elle rejoindra le long catalogue des tentatives avortées de réforme. Les prochains jours, avec leur lot de régularisations ou de sanctions, apporteront les premiers éléments de réponse. Une chose est certaine : l’équilibre des forces dans le secteur des transports kinshasais s’apprête à être profondément remodelé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net