Dans un discours empreint d’une gravité mesurée, le Président du Sénat congolais a saisi la tribune de l’Union interparlementaire pour dépeindre le drame humanitaire qui ensanglante l’Est de la République démocratique du Congo. Sa plaidoirie, devant les représentants parlementaires du monde entier, soulève une question fondamentale : la communauté internationale peut-elle rester spectatrice face à cette crise humanitaire en RDC qui atteint des proportions alarmantes ?
Jean-Michel Sama Lukonde, dans son allocution à la 151e Assemblée générale de l’Union interparlementaire, a magistralement exploité le thème des travaux – « Veiller au respect des normes humanitaires et soutenir l’action humanitaire en période de crise » – pour contextualiser le calvaire vécu par des millions de Congolais. Son intervention stratégique transforme cette enceinte parlementaire mondiale en caisse de résonance des souffrances congolaises, dans un timing politique parfaitement calculé.
La crise humanitaire dans l’Est de la RDC, selon le président du Sénat, trouve son origine dans l’activisme déstabilisateur de la rébellion AFC/M23, instrument régional dont les ficelles tirées depuis Kigali ne font plus mystère pour aucun observateur averti. Cette situation créée-t-elle un précédent dangereux dans le droit international humanitaire ? Le mutisme relatif de certaines capitales occidentales face aux agressions rwandaises interroge sur la cohérence des principes humanitaires universellement proclamés.
L’appel international pour la RDC lancé par Sama Lukonde dépasse la simple rhétorique diplomatique. Il constitue une manœuvre politique savamment orchestrée pour tester la solidarité parlementaire mondiale face à ce qui s’apparente à une agression externalisée. Le président du Sénat joue habilement des divisions géopolitiques contemporaines, espérant que la realpolitik puisse finalement servir la cause congolaise.
La référence explicite au Rwanda dans le discours de Genève marque un changement de paradigme dans la communication diplomatique congolaise. Fini les sous-entendus et les dénonciations voilées : Désormais, Kinshasa nomme l’agresseur et documente sa stratégie de déstabilisation régionale. Cette franchise calculée représente-t-elle une nouvelle approche dans la résolution de la crise M23 soutenue par le Rwanda ?
L’Union interparlementaire, par son caractère multilatéral, offre une tribune idéale pour internationaliser un conflit que certains voudraient cantonner aux dimensions purement africaines. Sama Lukonde, en statut de président de chambre parlementaire, bénéficie d’une crédibilité institutionnelle lui permettant de porter un message que la diplomatie gouvernementale traditionnelle ne peut parfois assumer avec la même force symbolique.
La crise humanitaire dans l’Est congolais dépasse désormais le cadre strictement national pour devenir un test de crédibilité des mécanismes de protection humanitaire internationaux. Les parlementaires du monde entier, interpellés par le président du Sénat congolais, se retrouvent devant un dilemme moral : soutenir ouvertement Kinshasa face à l’agression rwandaise ou préserver des relations diplomatiques équilibrées avec les deux capitales ?
L’efficacité de cette stratégie de plaidoyer parlementaire se mesurera à l’aune des résolutions qui émergeront de cette assemblée genevoise. Sama Lukonde a-t-il réussi à transformer la compassion en action concrète ? La réponse se trouvera dans les mois à venir, au regard de l’évolution de l’implication internationale dans la résolution de cette crise M23 dont les conséquences humanitaires ne cessent de s’aggraver.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
