Les stigmates de la détresse sont encore visibles sur chaque rue de Mushie. Un mois après le déluge du 25 septembre, la cité de la province du Maï-Ndombe ressemble à un champ de bataille abandonné. Des familles entières survivent sous des bâches improvisées, d’autres errent de maison en maison à la recherche d’un toit. Comment une communauté peut-elle ainsi sombrer dans l’oubli ?
« La population de Mushie continue à souffrir. On ne comprend pas si le gouvernement congolais n’a plus besoin de notre territoire », déplore Mao Ngono, président de la société civile locale. Sa voix porte l’écho de milliers de sinistrés qui, chaque nuit, doivent choisir entre dormir à la belle étoile ou s’entasser dans des familles d’accueil déjà précaires.
Le quartier Vergé, le plus touché par cette pluie Mushie dévastatrice, présente un spectacle de désolation. Ici, 1 148 maisons se sont écroulées ou gravement endommagées, transformant des vies stables en existence précaire. Les dégâts Mai-Ndombe ne se limitent pas aux habitations : 26 établissements scolaires, 10 églises et deux bâtiments administratifs, dont l’hôpital général, ont été réduits à l’état de décombres.
Face à cette catastrophe, où sont donc les secours promis ? Les sinistrés RDC attendent toujours une aide gouvernementale significative. Pendant ce temps, la solidarité locale tente de combler le vide. « Certains chefs d’établissements sollicitent de l’aide auprès des parents, qui se cotisent et fournissent du matériel », explique Mao Ngono. Cette reconstruction écoles à bout de bras témoigne de la résilience d’une communauté abandonnée à son sort.
La société civile Mushie sonne l’alarme depuis des semaines. Son président ne mâche pas ses mots : « Les écoles sont abandonnées, les familles dispersées, et les blessés du 25 septembre continuent de souffrir dans l’indifférence générale. » Le bilan officiel faisait pourtant état d’au moins 26 blessés, dont des femmes et des enfants, victimes de l’effondrement des murs.
La situation révèle une vérité plus profonde sur la gestion des catastrophes naturelles en RDC. Comment expliquer qu’un mois après la tragédie, aucune structure d’accueil digne de ce nom n’ait été mise en place ? Pourquoi les autorités provinciales semblent-elles absentes du processus de reconstruction ?
Les habitants de Mushie, eux, n’ont pas le choix. Ils reconstruisent pierre par pierre, toit par toit, espérant que la prochaine saison des pluies ne viendra pas anéantir leurs efforts. Leur courage face à l’adversité force l’admiration, mais soulève une question cruciale : jusqu’à quand devront-ils compter uniquement sur leurs propres forces ?
Cette catastrophe naturelle, amplifiée par la lenteur des secours, pose un défi fondamental pour la cohésion sociale et le développement de la région. Elle interroge la capacité de l’État à protéger ses citoyens les plus vulnérables et à assurer la continuité des services essentiels comme l’éducation et la santé.
Alors que la saison des pluies approche à nouveau, Mushie reste un symbole douloureux des inégalités territoriales et de l’urgence d’une politique nationale de gestion des risques. La reconstruction matérielle est nécessaire, mais la restauration de la confiance entre les populations et leurs institutions l’est tout autant.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
