La province de la Tshopo traverse une crise politique sans précédent alors que son gouverneur, Paulin Lendongolia, fait face à une motion de défiance déposée par huit élus de l’Assemblée provinciale. Cette procédure, initiée le 20 octobre 2025, pourrait marquer un tournant décisif dans la gouvernance de cette entité du nord de la République Démocratique du Congo.
Les accusations portées contre le gouverneur Lendongolia sont-elles le reflet d’une gestion défaillante ou simplement les soubresauts d’une lutte politique ordinaire ? Les pétitionnaires, menés par Bienvenue Bolongue, évoquent des griefs substantiels : incompétence présumée, mégestion avérée, et surtout ce qui pourrait constituer le cœur du litige – des allégations de détournement de fonds publics concernant des projets phares de la province.
Le dossier le plus sensible concerne la réhabilitation du stade Lumumba, infrastructure emblématique de la mémoire collective, dont les travaux semblent avoir été entachés par des irrégularités financières. De même, la Route Nationale N°4, artère vitale pour le désenclavement de la Tshopo, apparaît au centre des préoccupations des députés provinciaux. Ces projets structurants, censés symboliser le développement provincial, se transformeraient-ils en cauchemar politique pour le gouverneur ?
Au-delà des infrastructures, les élus dénoncent une dégradation palpable des conditions de vie. Les retards persistants dans le paiement des indemnités parlementaires, la surfacturation présumée des marchés publics et l’inquiétante montée de l’insécurité sont autant de symptômes pointés du doigt comme indicateurs d’une « décadence » sous la gouvernance Lendongolia. Ces accusations, si elles étaient avérées, dessineraient le portrait d’une administration provincial en pleine turbulence.
Conformément au règlement intérieur de l’Assemblée provinciale, Paulin Lendongolia dispose d’un délai de 48 heures pour présenter sa défense devant une séance plénière convoquée spécifiquement pour le 22 octobre. Ce délai, court mais réglementaire, place le gouverneur dans une position délicate où il devra démontrer sa capacité à répondre point par point aux allegations.
Face à cette tempête politique, le gouverneur a anticipé les critiques en sollicitant une mission d’audit de l’Inspection générale des finances (IGF). Cette manœuvre stratégique vise-t-elle à gagner du temps ou constitue-t-elle une véritable volonté de transparence ? La demande d’audit pourrait apparaître comme un pari risqué : si elle permet de temporiser, elle engage également l’exécutif provincial dans un processus de vérification dont les conclusions pourraient s’avérer dévastatrices.
La motion de défiance dans la Tshopo s’inscrit dans un contexte national où la gouvernance locale est scrutée à la loupe. Les détournements de fonds publics présumés, s’ils étaient confirmés, viendraient alimenter le discours critique sur la gestion des ressources provinciales. La réhabilitation du stade Lumumba et les travaux sur la Route Nationale 4, projets pourtant essentiels au développement de la Tshopo, se retrouvent ainsi au cœur d’une bataille politique dont l’issue pourrait reconfigurer durablement les équilibres du pouvoir local.
Quelles que soient les motivations profondes des initiateurs de cette motion, une question demeure : cette procédure marquera-t-elle le début d’un renouveau démocratique dans la province ou simplement un réajustement des alliances politiques ? La réponse se jouera dans l’hémicycle provincial, où le gouverneur Lendongolia devra démontrer que sa gouvernance mérite d’être préservée, malgré les accusations de détournement qui pèsent sur sa gestion des fonds publics.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
