Plus d’un mois après les attaques sanglantes des combattants ADF dans le Nord-Kivu, le système éducatif du territoire de Lubero reste paralysé. Comment une génération entière d’élèves peut-elle poursuivre sa scolarité quand la peur a remplacé les crayons dans les salles de classe ? La tragédie survenue à Ntoyo continue de hanter les esprits et de compromettre l’avenir de centaines d’enfants.
Dans le secteur de Bapere, la situation éducative est devenue catastrophique. Vingt-quatre établissements scolaires, dont 17 écoles primaires et 7 secondaires, gardent portes closes. Ces écoles fermées à Lubero symbolisent l’ampleur d’une crise éducative en RDC qui dépasse le simple cadre sécuritaire. Les localités de Midede, Bandulu, Ombole, Isange, Mabuo et Fatua sont particulièrement touchées par cette paralysie éducative complète.
Face à cette insécurité persistante au Nord-Kivu, des solutions d’urgence se mettent en place. Les écoles Begemusa et Kaviru II ont été déplacées vers des zones plus sûres, trouvant refuge dans les établissements de Njiapanda. Mais ces mesures palliatives suffiront-elles à compenser les traumatismes vécus par ces élèves déplacés de Ntoyo ? La continuité pédagogique reste fragile, comme un fil tendu au-dessus du vide.
Kasereka Kamaliro, préfet des études de l’institut Ntoyo, témoigne de cette course contre la montre : « Depuis le carnage, nous avons perdu le contact avec la majorité de nos élèves. Nous travaillons avec la sous-division scolaire pour réintégrer les enfants dans des établissements sécurisés, mais le défi est immense. » Son appel aux parents révèle l’urgence de la situation : chaque jour sans école creuse un peu plus le fossé éducatif.
La présence continue des combattants ADF dans la région rend toute reprise normale des cours impossible. Les menaces constantes pèsent comme une épée de Damoclès sur les initiatives de relance scolaire. Comment envisager sereinement l’avenir quand le bruit des armes a remplacé le murmure des leçons ?
Cette crise des écoles fermées dans le Nord-Kivu interroge plus largement sur la résilience du système éducatif congolais face aux défis sécuritaires. Les attaques ADF ne se limitent pas à des pertes humaines immédiates : elles sapent les fondements mêmes de l’éducation, privant une génération de son droit fondamental à l’apprentissage.
Les autorités scolaires locales multiplient les efforts, mais leurs moyens restent limités face à l’ampleur des besoins. La question des élèves déplacés de Ntoyo dépasse le cadre local et appelle à une réponse coordonnée. Combien de temps faudra-t-il avant que ces enfants ne retrouvent le chemin de l’école dans des conditions sécurisées ?
Alors que l’année scolaire 2025-2026 peine à démarrer dans cette région meurtrie, l’urgence éducative devient criante. La communauté internationale et les autorités nationales parviendront-elles à mettre en place des solutions durables pour ces élèves pris en étau entre la soif d’apprendre et la peur de mourir ? L’avenir de toute une région se joue dans ces salles de classe vides.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd