Un drame sanitaire vient de frapper la province de l’Ituri en République Démocratique du Congo. Dans la nuit de dimanche 20 octobre, les flammes ont réduit en cendres le bâtiment administratif de l’hôpital général de référence de Fataki, situé à 85 kilomètres au nord de Bunia. Cette tragédie survenue dans le territoire de Djugu représente bien plus qu’une simple perte matérielle – elle constitue une véritable catastrophe médicale pour toute une région déjà éprouvée par les conflits armés.
Selon le docteur Drajiro, médecin chef de zone de santé de Fataki, l’origine de l’incendie serait technique : un court-circuit dû à une forte intensité d’énergie électrique sous batterie aurait provoqué le sinistre. Les conséquences sont immédiates et dramatiques. Le feu a calciné plusieurs documents administratifs essentiels et du mobilier de bureau, mais surtout, il a détruit les archives médicales de 14 établissements de soins, comprenant un hôpital et trois centres de santé de référence.
Comment une communauté déjà vulnérable peut-elle faire face à une telle perte ? La question se pose avec acuité dans cette zone meurtrie où les violences armées font rage depuis des années. L’hôpital de Fataki représente souvent le dernier recours pour les blessés et malades de la région. La destruction des documents officiels, vaccins et produits pharmaceutiques sensibles stockés dans le bâtiment administratif risque de paralyser le système de santé local pendant des mois.
Heureusement, l’intervention rapide des casques bleus de la MONUSCO a permis d’éviter le pire. Leur action énergique a stoppé la propagation des flammes vers la salle des malades et des soins, sauvant au passage le précieux stock de vaccins qui se trouvait à l’intérieur. Sans cette intervention opportune, la catastrophe aurait pu prendre des proportions bien plus dramatiques encore.
Mais le pire a été évité de justesse, et le docteur Drajiro lance un appel à l’aide d’urgence. La réhabilitation rapide de ce bâtiment devient une question de vie ou de mort pour des milliers de patients. Construit pendant l’époque coloniale et réhabilité par MEMISA CARITAS en 2012 pour plus de 80 000 dollars américains, cet édifice parti en fumée représentait un investissement considérable pour une région déshéritée.
La perte des documents médicaux pose un défi colossal pour la continuité des soins. Comment assurer le suivi des patients sans leurs dossiers médicaux ? Comment planifier les campagnes de vaccination sans les registres appropriés ? Comment gérer les approvisionnements en médicaments sans les documents de gestion ? Autant de questions cruciales qui restent sans réponse immédiate.
Cette catastrophe médicale à Fataki survient dans un contexte déjà précaire. Le territoire de Djugu, théâtre de violences récurrentes, dépend entièrement de cet hôpital pour prendre en charge les victimes des conflits armés. La destruction du bâtiment administratif menace directement la capacité de l’établissement à remplir sa mission humanitaire essentielle.
Face à cette situation d’urgence, la solidarité nationale et internationale devient impérative. La reconstruction du bâtiment et la reconstitution des archives médicales représentent un défi immense qui nécessitera une mobilisation concertée de tous les acteurs du secteur de la santé en RDC. La population de Fataki et des environs mérite que son droit fondamental à la santé soit préservé, malgré les épreuves successives.
Cette tragédie nous rappelle cruellement la vulnérabilité des infrastructures sanitaires dans les zones de conflit. Elle souligne également l’importance cruciale de la prévention et de la maintenance des installations électriques dans les établissements de santé. Peut-être est-il temps de repenser la sécurisation des documents médicaux essentiels through des systèmes de sauvegarde dématérialisés ?
En attendant des solutions durables, l’hôpital de Fataki continue de fonctionner dans des conditions extrêmement difficiles. Le personnel médical fait preuve d’un courage remarquable pour maintenir les services essentiels, mais l’urgence d’une intervention rapide ne fait plus aucun doute. La communauté internationale, les autorités congolaises et les organisations humanitaires doivent se mobiliser sans délai pour éviter qu’une catastrophe technique ne se transforme en tragédie humaine.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
