Le village de Kabeya Mukena, au cœur du territoire de Nyunzu dans la province du Tanganyika, vit aujourd’hui une transformation remarquable. Le long de la route principale, plus de 700 maisons identiques, soigneusement numérotées, témoignent d’un nouveau départ pour des centaines de familles retournées après des années de conflits armés dévastateurs.
« Ces maisons ont changé notre vie », confie Faliala Lukombe, les yeux brillants d’émotion. « Avant, nous vivions dans des huttes en paille, exposés à la pluie et aux intempéries. Aujourd’hui, nos familles sont en sécurité, protégées par des toitures en tôle. C’est une renaissance pour nous tous. » Son témoignage reflète l’espoir retrouvé qui anime désormais cette communauté longtemps meurtrie.
Cette réalisation impressionnante est le fruit d’un financement du Fonds humanitaire des Nations Unies, mis en œuvre en partenariat avec l’organisation IDES. Roger Mwamba, chef d’antenne du Bureau de coordination humanitaire à Nyunzu, précise l’ampleur du projet : « Kabeya Mukena représente plusieurs villages retournés du nord Lukuga. À l’époque, on avait évalué plus de 80 000 ménages déjà rentrés. L’injection de ressources dans cette zone critique répond à un besoin urgent de stabilisation. »
Mais au-delà des simples constructions, c’est toute une dynamique sociale qui se redessine dans cette région. La particularité la plus significative de ce projet réside dans la cohabitation Twa Bantoue qu’il encourage. Ces deux communautés, longtemps divisées par les violences, retrouvent aujourd’hui le chemin du vivre-ensemble. Les maisons Kabeya Mukena, alignées les unes à côté des autres, deviennent le symbole concret de cette réconciliation naissante.
La reconstruction Nyunzu ne se limite pas aux seuls logements. Le village bénéficie également d’un centre de santé équipé par l’UNICEF, qui soutient des programmes de nutrition essentiels pour les populations vulnérables. Parallèlement, Caritas a mis en place des comités locaux de résolution pacifique des conflits, contribuant à renforcer la cohésion sociale et la stabilité communautaire.
Comment ne pas voir dans cette initiative une lueur d’espoir pour toutes les régions en proie aux conflits communautaires ? La réussite de Kabeya Mukena démontre que lorsque l’aide humanitaire s’accompagne d’une vision holistique du développement, les résultats peuvent être transformateurs. Les retournés Tanganyika, après avoir tout perdu, retrouvent non seulement un toit mais surtout une dignité et une place dans la société.
La route vers une paix durable reste cependant semée d’embûches. Si les maisons offrent une sécurité physique immédiate, la reconstruction des liens sociaux, elle, demande du temps et de la persévérance. Les comités de paix devront relever le défi de maintenir cette cohabitation Twa Bantoue dans la durée, au-delà de l’enthousiasme des premiers jours.
Au crépuscule, alors que les familles regagnent leurs nouveaux foyers, une question persiste : cette belle initiative servira-t-elle de modèle pour d’autres villages de la région ? La réponse dépendra de la capacité des acteurs humanitaires et des communautés locales à pérenniser ces acquis. Une chose est certaine : à Kabeya Mukena, l’espoir a retrouvé une adresse.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net