« Nous sommes abandonnés à notre triste sort à Beni et à Butembo. Nous n’avons pas de moyens de subsistance, pas d’accès aux soins de santé », témoigne Jules Ngeleza, la voix chargée d’une amertume qui résonne comme un cri dans le silence des autorités. Comme lui, des dizaines d’activistes et défenseurs des droits humains ont dû fuir Goma, traqués pour avoir osé dénoncer les exactions de l’AFC/M23 et de l’armée rwandaise. Aujourd’hui, leur exil se transforme en cauchemar humanitaire.
Que reste-t-il du courage quand la faim et la maladie deviennent les seules compagnes ? Cette question hante les nuits de ces hommes et femmes qui, hier encore, documentaient les violations des droits humains et le pillage systématique des ressources naturelles du Nord-Kivu. Leur crime ? Avoir refusé de se taire face aux atrocités. Leur punition ? Une vie d’errance entre Beni et Butembo, loin de leurs familles, de leurs vies, de leur dignité.
Dans une lettre adressée au ministre des Droits humains le 14 octobre 2025, ces activistes déplacés lancent un appel désespéré. Leur situation illustre avec une cruelle acuité la vulnérabilité extrême des défenseurs des droits humains dans l’est de la RDC. Comment peuvent-ils continuer leur travail essentiel quand leur propre survie est menacée quotidiennement ?
Le témoignage de Jules Ngeleza révèle une tragédie dans la tragédie : l’existence d’un fonds de plus de 4 millions USD destiné spécifiquement à soutenir les défenseurs des droits humains et lanceurs d’alerte déplacés. « Les détournements seraient en vue », dénonce-t-il amèrement. Cette révélation soulève des questions brûlantes sur la gestion des fonds d’urgence et la réelle volonté politique de protéger ceux qui risquent leur vie pour la vérité.
La précarité à Beni et Butembo n’est pas seulement matérielle. Elle est aussi psychologique. Ces activistes vivent avec la double peine de l’exil et de l’insécurité permanente. Leur engagement les a transformés en cibles mobiles, poursuivis même dans leur refuge. Les combats entre le M23 et les FARDC continuent de faire rage, créant un contexte où la protection des défenseurs des droits humains semble être la dernière des priorités.
Que deviendra la société congolaise si ceux qui défendent ses valeurs fondamentales sont abandonnés à leur sort ? La question mérite d’être posée alors que les exactions documentées par ces courageux activistes concernent des violations graves qui touchent des milliers de civils innocents. Leur travail n’est pas seulement important, il est vital pour l’avenir démocratique de la RDC.
L’absence de réaction du ministre des Droits humains, confirmée par Radio Okapi, ajoute à l’amertume et au sentiment d’abandon. Pendant ce temps, à Beni et Butembo, la situation des défenseurs des droits humains déplacés empire de jour en jour. Le manque de moyens de subsistance et l’accès limité aux soins de santé créent des conditions de vie inhumaines pour ceux qui, hier encore, se battaient pour la dignité des autres.
La communauté internationale et les organisations de défense des droits humains doivent-elles rester spectatrices de cette tragédie silencieuse ? L’indifférence des autorités congolaises face au sort des activistes droits humains Goma ne risque-t-elle pas d’encourager davantage d’exactions M23 RDC ? Ces questions urgentes attendent des réponses concrètes alors que la crise humanitaire s’aggrave dans la région.
La résilience des défenseurs des droits humains déplacés est mise à rude épreuve, mais leur détermination reste intacte. Malgré les menaces AFC M23 Nord-Kivu et la précarité à Beni Butembo, ils continuent de croire en leur mission. Leur combat pour la vérité et la justice mérite mieux qu’un abandon programmé. Il mérite la reconnaissance et le soutien de tous ceux qui croient encore aux valeurs des droits humains en RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net