Le secteur ferroviaire congolais enregistre un signal fort avec la reprise officielle du trafic entre Kinshasa et Matadi, survenue le samedi 18 octobre. Cette renaissance du train Kinshasa Matadi, après plusieurs années de suspension complète, représente bien plus qu’une simple réouverture de ligne : elle symbolise la volonté de revitaliser un maillon essentiel de l’économie nationale. L’Office national des transports (ONATRA) a orchestré cette relance par un voyage expérimental qui a démontré des conditions de sécurité et de confort conformes aux standards attendus.
Le trajet inaugural s’est déroulé avec une efficacité remarquable pour une première édition. Le convoi a quitté Matadi à 8h30 pour atteindre la gare centrale de Kinshasa vers 17h15, établissant ainsi une durée de parcours de 8 heures 45 minutes. Jean-Claude Ngoma Moussa, sous-directeur délégué du Chemin de fer Matadi, a qualifié ce temps de « raisonnable pour un premier test », tout en annonçant une évaluation approfondie visant à optimiser la durée du trajet. Cette reprise trafic train RDC s’effectue selon un modèle tarifaire structuré, avec deux classes distinctes : la classe de luxe à 120 000 francs congolais (incluant la consommation) et la première classe à 60 000 francs congolais. Des tarifs train Congo Central adaptés sont également prévus pour les gares intermédiaires comme Songololo et Lufu, démontrant une approche inclusive du service.
Mais au-delà des aspects techniques et tarifaires, quel impact économique cette renaissance ferroviaire peut-elle générer ? L’ONATRA transport ferroviaire se positionne comme un catalyseur potentiel pour le développement régional. Le transport marchandises RDC représente un enjeu capital pour l’économie congolaise, et la réactivation de cette ligne pourrait significativement désengorger le trafic routier tout en réduisant les coûts logistiques. Les opérateurs économiques disposent désormais d’une alternative crédible pour l’acheminement de leurs produits, particulièrement entre le port de Matadi et la capitale.
La relance du trafic ferroviaire dans le Kongo Central s’inscrit dans une perspective plus large de modernisation des infrastructures de transport nationales. Cette initiative répond à une demande croissante de solutions de mobilité alternatives, plus sécurisées et économiquement viables. Les autorités en charge du projet insistent sur la dimension progressive du déploiement, avec des horaires définitifs qui seront fixés après une période d’évaluation rigoureuse. La population sera informée des développements via les canaux officiels, garantissant ainsi une transparence nécessaire à la reconstruction de la confiance dans le service public.
Sur le plan macroéconomique, cette réouverture pourrait avoir des retombées significatives. Le corridor Kinshasa-Matadi représente un axe commercial stratégique dont l’optimisation contribuerait à dynamiser les échanges interrégionaux. La réduction des temps de transport et des coûts logistiques se traduirait par une amélioration de la compétitivité des entreprises locales et une stimulation des activités commerciales. Cette relance s’apparente ainsi à un investissement structurel dans les fondations du développement économique national.
À moyen terme, la consolidation de cette liaison ferroviaire pourrait générer des externalités positives sur l’ensemble de l’écosystème économique régional. La création d’emplois directs et indirects, la revitalisation des zones traversées et l’amélioration de l’accès aux marchés constituent autant de bénéfices potentiels. Le succès de cette initiative pilote pourrait par ailleurs servir de modèle pour la réhabilitation d’autres axes ferroviaires à travers le pays, contribuant ainsi à la reconstruction d’un réseau national intégré et performant.
La renaissance du train entre Kinshasa et Matadi représente donc bien plus qu’une simple réouverture de ligne : elle incarne la possibilité d’une transformation profonde des infrastructures de transport congolaises. Son impact dépasse largement le cadre du transport pour toucher à la compétitivité économique, à l’intégration régionale et au développement territorial. Reste à présent à consolider cette dynamique naissante et à en maximiser les retombées pour les populations et l’économie nationale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
