Dans un pays où près de 27 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë selon le Programme Alimentaire Mondial, une lueur d’espoir émerge du territoire de Nyunzu, au cœur du Tanganyika. Ici, la terre rouge, longtemps stérile par manque de moyens, retrouve ses couleurs grâce à l’intervention ciblée de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Le programme de la FAO a transformé près de deux hectares en véritable oasis nutritionnelle où tomates, oignons, ciboulettes, aubergines, gombos et choux prospèrent désormais. Cette métamorphose agricole repose sur un accompagnement complet : distribution de semences de qualité et d’outils aratoires adaptés aux réalités locales, mais surtout transfert de compétences durables.
« Cette récolte va améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans la région », affirme Judicaël Pazou, coordonnateur des opérations à la FAO en RDC. Une déclaration qui prend tout son sens lorsqu’on observe l’enthousiasme des bénéficiaires lors de la journée de récolte du 18 octobre dernier.
Comment une simple distribution d’outils peut-elle changer le destin nutritionnel de toute une communauté ? La réponse se lit dans le témoignage émouvant de Mme Kaya Lubaya, bénéficiaire du projet : « Les fruits de cette récolte vont transformer notre quotidien. Nous pouvons désormais nourrir nos familles, scolariser nos enfants et envisager de nouvelles activités. La formation reçue a été très bénéfique. »
Au-delà de l’assistance immédiate, la FAO mise sur trois piliers fondamentaux pour garantir la pérennité de cette initiative contre l’insécurité alimentaire au Tanganyika : l’appropriation des techniques agricoles par les bénéficiaires eux-mêmes, l’implication des autorités locales dans le processus décisionnel, et la collaboration étroite avec les ONG présentes dans la région.
Cette approche intégrée illustre parfaitement comment l’autonomisation des communautés rurales peut constituer la solution la plus durable contre la malnutrition. Le projet nutrition du Tanganyika ne se contente pas de distribuer de la nourriture – il enseigne à pêcher plutôt que de donner du poisson, créant ainsi les bases d’une véritable autonomie alimentaire en RDC.
Les champs de Kihi, autrefois symbole de terres abandonnées, sont devenus le laboratoire vivant d’une nouvelle agriculture congolaise résiliente. Face aux défis climatiques et économiques, cette expérience démontre que l’investissement dans l’agriculture locale représente la clé pour briser le cycle infernal de l’insécurité alimentaire.
La réussite de Nyunzu ouvre la voie à une réplication possible dans d’autres territoires congolais confrontés aux mêmes défis nutritionnels. Une question demeure : cette initiative suffira-t-elle à inverser la tendance alarmante de l’insécurité alimentaire qui frappe le pays ? Si le modèle fait ses preuves, il pourrait bien constituer l’architecture d’une nouvelle politique agricole nationale.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net