Dans un contexte où la sécurité alimentaire et l’autonomisation des femmes rurales en RDC représentent des enjeux économiques majeurs, le ministre du Développement rural Grégoire Mutshail Mutond a lancé un appel stratégique lors de la quinzaine de la journée internationale de la femme rurale. Son message, délivré samedi 18 octobre à Kinshasa, souligne l’impérieuse nécessité pour les femmes rurales de s’engager dans la transformation de la production agricole, un levier essentiel pour renforcer leur pouvoir économique et combattre durablement la faim.
Comment les femmes rurales RDC peuvent-elles transformer leur quotidien économique ? La réponse du ministre est sans équivoque : par la valorisation ajoutée de leurs productions. « Même si vous avez un petit champ, cependant, si vous faites bien la transformation de la récolte, ça va vous aider », a-t-il déclaré, citant en exemple la chikwangue aux arachides et bananes plantains déjà produite par ces entrepreneuses agricoles. Cette approche de transformation produits agricoles représente un véritable changement de paradigme dans le développement rural Kinshasa, passant d’une économie de subsistance à une économie de valeur.
La stratégie ministérielle va au-delà des simples encouragements. Mutshail Mutond a esquissé une feuille de route concrète pour ces femmes rurales, les invitant à développer leur compétitivité sur le marché grâce à la création de marques déposées. « Comme vous produisez la farine panifiable, vous pourrez aussi fabriquer des macaronis à base de manioc », a-t-il illustré, insistant sur l’importance d’un emballage professionnel portant leur label. Cette orientation vers l’industrialisation légère constitue un tournant décisif pour l’autonomisation femmes dans le secteur agricole.
Le ministre a également plaidé pour une structuration en coopérative agricole multisectorielle, un modèle organisationnel qui permet de mutualiser les compétences. « C’est-à-dire une coopérative où on trouve des spécialistes en vente, en transformation, en conservation… Qu’il y ait beaucoup de spécialités au sein de votre coopérative », a-t-il précisé. Cette vision organisationnelle répond à une logique économique implacable : la spécialisation et la complémentarité des expertises comme moteur de productivité.
Le terrain d’application de cette politique se trouve au village Inye, dans la commune Urbano rurale de la N’sele, où la coopérative agropastorale « Maman Bolingo » sert de projet pilote. Encadrée par le Programme alimentaire mondial (PAM), cette initiative incarne la nouvelle approche de résilience économique des femmes rurales. Depuis 2023, une cinquantaine de femmes bénéficient de formations pratiques administrées par l’ONG LONAGRI, partenaire du PAM, leur permettant de maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production à la commercialisation.
Quel impact économique cette transformation peut-elle générer ? Les productions actuelles de la coopérative – manioc, pastèque, chikwangue, croquettes – démontrent déjà le potentiel de valorisation. La transformation des produits agricoles locaux en denrées à plus forte valeur ajoutée permet non seulement d’augmenter les revenus des productrices, mais aussi de réduire les pertes post-récolte et de sécuriser l’approvisionnement des marchés urbains. Cette dynamique crée un cercle vertueux pour le développement rural Kinshasa, où l’agriculture familiale devient un véritable business.
L’accent mis sur l’autonomisation femmes à travers la transformation produits agricoles représente une stratégie économique judicieuse dans un pays où les femmes rurales constituent l’épine dorsale du secteur agricole. En leur donnant les moyens de transformer leur production sur place, on réduit leur dépendance aux intermédiaires et on augmente significativement leur marge bénéficiaire. Cette approche correspond parfaitement aux objectifs de développement durable et pourrait servir de modèle pour l’ensemble de la RDC.
La coopérative agricole comme modèle d’organisation, l’innovation dans la transformation, la création de marques locales : tels sont les piliers de cette nouvelle économie rurale que le ministre Mutshail Mutond appelle de ses vœux. Cette vision, si elle se généralise, pourrait transformer radicalement le paysage économique des campagnes congolaises et offrir aux femmes rurales RDC les clés de leur indépendance financière. Le développement rural Kinshasa et au-delà trouve ainsi dans l’entrepreneuriat féminin agricole un puissant levier de croissance inclusive.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
