Alors que l’année scolaire 2025-2026 a officiellement débuté le 1er septembre dernier dans toute la République Démocratique du Congo, une quinzaine d’établissements scolaires des groupements Binza et Busanza, dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu, présentent toujours des salles de classe vides. Comment expliquer cette situation alarmante qui prive des centaines d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation ?
La réponse réside dans l’insécurité persistante qui règne dans cette région du Nord-Kivu. La situation sécuritaire fragile a contraint de nombreux parents à se déplacer avec leurs enfants vers des zones considérées comme plus sûres, empêchant ainsi le lancement des activités pédagogiques dans ces écoles des groupements Binza Busanza. Cette réalité met gravement en péril l’avenir éducatif de toute une génération d’élèves.
Le cas de l’école primaire Rugashari, dans le groupement Busanza, illustre parfaitement cette crise éducative. Après avoir timidement démarré ses activités au début de la rentrée scolaire 2025-2026, l’établissement a dû être délocalisé depuis le 20 octobre dernier. Elle fonctionne désormais pendant l’après-midi dans les locaux de l’école primaire Shinda, toujours dans le groupement Busanza. Cette solution temporaire, bien que nécessaire, soulève des questions sur la qualité de l’enseignement dispensé dans ces conditions précaires.
Les sources éducationnelles dans la région confirment cette situation préoccupante. Une autorité éducationnelle, préférant garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, explique qu’il est actuellement difficile de demander aux parents d’élèves de regagner leurs villages d’origine. L’incertitude qui plane quant au retour d’une paix durable dans ces deux groupements maintient les familles dans un état d’alerte permanent.
Mais quelle alternative reste-t-il pour ces enfants dont l’éducation est sacrifiée sur l’autel de l’insécurité ? Les autorités éducationnelles appellent les parents à inscrire leurs enfants dans les écoles fonctionnant dans leurs zones de refuge temporaire. Cette mesure d’urgence, bien qu’imparfaite, permet au moins d’assurer une continuité pédagogique minimale pendant cette période troublée.
La délocalisation des écoles Rutshuru comme solution d’urgence pose cependant plusieurs défis majeurs. Comment garantir des conditions d’apprentissage optimales lorsque plusieurs établissements doivent partager les mêmes infrastructures ? La surpopulation des classes et la réduction du temps d’enseignement risquent de compromettre la qualité des apprentissages. Ces écoles du Nord-Kivu font face à un dilemme cornélien : assurer la sécurité des élèves tout en préservant leur droit à l’éducation.
La situation dans le territoire de Rutshuru interpelle toutes les parties prenantes à plusieurs niveaux. Au-delà de l’urgence sécuritaire, c’est l’avenir éducatif de toute une région qui se joue dans ces groupements Binza Busanza. Les conséquences à long terme de cette interruption scolaire pourraient être désastreuses pour le développement du Nord-Kivu et de la RDC toute entière.
Alors que la rentrée scolaire 2025-2026 devait marquer un nouveau départ pour l’éducation en RDC, la réalité dans les zones en conflit rappelle cruellement les défis immenses qui persistent. La communauté internationale et les autorités nationales sont-elles suffisamment conscientes de l’urgence de la situation ? La délocalisation des écoles Rutshuru représente-t-elle une solution durable ou simplement un pansement sur une blessure béante ?
L’appel lancé par les autorités éducationnelles pour le retour d’une paix durable dans cette partie du territoire de Rutshuru résonne comme un cri d’alarme. Sans sécurité stabilisée, comment envisager sereinement l’avenir éducatif des enfants des groupements Binza et Busanza ? La résolution de cette crise nécessite une approche holistique qui combine efforts sécuritaires et stratégies éducatives adaptées aux contextes de crise.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd