La société civile du territoire de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, maintient une pression soutenue sur les autorités congolaises concernant l’épineuse question de la répartition des revenus miniers. Alors que s’achevait ce weekend une mission parlementaire dirigée par le député Michel Moto, les attentes locales s’expriment avec une intensité renouvelée, témoignant d’une défiance croissante envers les mécanismes de redistribution des richesses minières.
Cette mission d’inspection parlementaire, chargée d’examiner les activités de la société Alpha Mines Mining notamment, représente-t-elle le prélude à une réelle transparence dans l’exploitation minière RDC ? La question hante les esprits des acteurs locaux, qui espèrent voir le rapport final refléter fidèlement les réalités du terrain. Fiston Mison, président de la société civile Walikale, a lancé un appel clair aux élus nationaux pour qu’ils produisent un document exemplaire, transparent et porteur de recommandations concrètes.
Le cœur du débat réside dans la gestion des ressources minières Nord-Kivu et leur redistribution équitable. La législation congolaise prévoit pourtant un cadre précis : 15% des redevances minières doivent revenir aux entités locales, 25% aux provinces et 10% à la génération future. Mais sur le terrain, ces dispositions semblent se heurter à une implacable réalité de mauvaise gestion et d’opacité. Comment expliquer que les fonds issus de ces trois composantes demeurent entre les mains du gouvernement central, alors que peu de projets d’envergure profitent aux habitants de Walikale ?
La société civile locale pointe un paradoxe troublant : dans une région riche en ressources minières, les populations continuent de vivre dans une précarité alarmante. Les 0,3% de redevance minière et les 10% destinés aux fonds de la génération future semblent se perdre dans les méandres administratifs, sans jamais atteindre leurs bénéficiaires légitimes. Cette situation interroge fondamentalement le modèle de gouvernance des ressources naturelles en République Démocratique du Congo.
Michel Moto, député élu de Walikale, porte désormais une lourde responsabilité. Sa mission parlementaire mines devra non seulement identifier les dysfonctionnements, mais aussi proposer des solutions viables pour garantir une répartition revenus miniers plus équitable. La crédibilité de l’institution parlementaire est en jeu, tout comme la confiance des populations dans la capacité de l’État à gérer équitablement leurs richesses.
La transparence exploitation minière RDC constitue désormais un enjeu politique majeur. Les organisations citoyennes renforcent leur vigilance, déterminées à améliorer le suivi des activités minières et à s’assurer que les revenus bénéficient effectivement aux populations du Nord-Kivu. Leur demande de publication et de suivi du rapport à l’Assemblée nationale traduit une maturité politique croissante face aux enjeux de gouvernance minière.
Cette affaire dépasse largement le simple cadre de Walikale pour interroger l’ensemble du système de gestion des ressources minières en RDC. Les recommandations qui émergeront de ce rapport parlementaire pourraient-elles inaugurer une nouvelle ère dans la gouvernance des richesses naturelles congolaises ? La question mérite d’être posée, alors que les attentes locales rencontrent un contexte national marqué par des promesses répétées de réforme du secteur minier.
Le gouvernement congolais se trouve à la croisée des chemins : soit il saisit cette opportunité pour instaurer une véritable transparence dans la gestion des revenus miniers, soit il risque de voir s’accentuer la défiance des populations locales. La balle est désormais dans le camp des institutions nationales, qui devront démontrer leur capacité à transformer les constats en actions concrètes au bénéfice des communautés riveraines des sites miniers.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net