Dans la région du Nord-Kivu, plus précisément dans la zone de santé de Birambizo en territoire de Rutshuru, une mobilisation sans précédent s’organise face à la résurgence inquiétante de maladies que l’on croyait maîtrisées. La poliomyélite, le tétanos néonatal et la fièvre jaune refont surface, poussant les autorités sanitaires à tirer la sonnette d’alarme.
Mais comment expliquer cette réapparition de pathologies que les vaccins permettent pourtant de prévenir efficacement ? La réponse réside peut-être dans le « silence épidémiologique » qui préoccupe les spécialistes locaux. Migisha Machomane Innocent, infirmier superviseur de la zone de santé de Birambizo, ne mâche pas ses mots : « Notre plus grand défi n’est pas seulement médical, mais aussi communicationnel. Certaines communautés hésitent encore à signaler les cas suspects, créant des brèches dans notre système de surveillance. »
La poliomyélite, cette infection virale qui peut entraîner des paralysies irréversibles, notamment chez les enfants, représente une menace particulièrement sérieuse. Le tétanos néonatal, quant à lui, frappe les nouveau-nés dans leurs premiers jours de vie, souvent par contamination lors de l’accouchement dans des conditions d’hygiène précaires. Quant à la fièvre jaune, maladie hémorragique virale transmise par les moustiques, elle peut évoluer vers des formes graves mortelles dans 20 à 50% des cas.
Face à cette triple menace, la formation organisée ce samedi 18 octobre 2025 à Kitshanga marque un tournant décisif. Avec l’appui technique et financier de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), cette initiative rassemble les représentants de toutes les couches sociales de la région. L’objectif ? Transformer chaque citoyen en sentinelle de la santé publique.
« La vaccination reste notre arme la plus puissante contre ces fléaux », rappelle l’infirmier superviseur. Pourtant, les campagnes de vaccination rencontrent encore des résistances dans certaines communautés. Comment alors convaincre les plus réticents ? La réponse semble résider dans l’approche communautaire : ce sont désormais les leaders locaux, formés et informés, qui deviennent les principaux ambassadeurs de la prévention.
Les engagements pris à l’issue de cette session de formation sont porteurs d’espoir. Les participants se sont approprié le message et s’engagent à relayer l’information dans leurs communautés respectives. Ils deviendront les promoteurs actifs tant de la vaccination de routine que des campagnes de masse organisées périodiquement.
Mais au-delà de la simple information, c’est toute une stratégie de surveillance qui se met en place. Le signalement rapide de tout cas suspect, l’orientation vers les centres de santé, le suivi des contacts : autant de maillons essentiels d’une chaîne de prévention qui doit rester solide. Dans un contexte où les infrastructures sanitaires peinent parfois à faire face, cette vigilance collective pourrait faire la différence entre une épidémie contenue et une crise sanitaire majeure.
La situation dans le Nord-Kivu, région déjà éprouvée par des années d’insécurité, appelle à une prise de conscience générale. Les progrès accomplis dans la lutte contre les maladies évitables par la vaccination ne doivent pas être remis en cause par un relâchement de la vigilance. Chaque citoyen a un rôle à jouer, chaque communauté représente un rempart contre la propagation des maladies.
Les semaines à venir seront déterminantes pour évaluer l’impact de cette mobilisation. Les autorités sanitaires suivront de près les indicateurs épidémiologiques, espérant voir baisser le nombre de cas notifiés. Une chose est certaine : la bataille pour l’éradication de la poliomyélite à Birambizo, l’élimination du tétanos néonatal à Rutshuru et le contrôle de la fièvre jaune au Congo ne se gagnera qu’avec l’implication de tous.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd