Dans le Haut-Lomami, une révolution silencieuse est en marche. D’anciens Kuluna, ces jeunes souvent associés à la violence urbaine, se métamorphosent en bâtisseurs d’une cité moderne qui défie les préjugés. Mandala City émerge progressivement à Kanyama Kasese, portée par ces mains qui hier semaient la terreur et qui aujourd’hui construisent l’avenir.
Le lieutenant-général Jean-Pierre Kasongo Kabwik, commandant du Service national qui supervise ce projet pharaonique, ne cache pas sa fierté. « Nous transformons des vies tout en bâtissant une nation », confie-t-il lors d’un point presse. La vision ? Créer un complexe multifonctionnel qui serve de modèle de développement pour toute la région.
Que trouve-t-on dans cette cité en devenir ? Des villas équipées avec 72 chambres, un hôpital ultra-moderne en cours d’équipement, une grande salle de conférence, mais aussi des infrastructures sportives et de détente comprenant piscine, courts de tennis et terrain de basket. Même un bureau présidentiel est prévu, preuve de l’importance stratégique de ce projet.
« Nous anticipons les besoins des visiteurs de marque, dont le Président de la République », explique le commandant Kasongo. « Comment pourrait-on recevoir le commandant suprême du Service national dans de vieux bâtiments ou sous des tentes ? Nous devons créer des conditions de travail dignes de nos institutions. »
Mais Mandala City n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le Service national de Kanyama Kasese mène une transformation bien plus profonde. Le secteur de l’élevage témoigne de cette métamorphose : de modestes 4 têtes de bétail initiales, le centre en compte désormais plus de 6 000, avec l’ambition d’atteindre 10 000 têtes d’ici 2026.
Comment des jeunes autrefois marginalisés deviennent-ils les artisans de ce développement ? La réponse réside dans l’approche holistique du Service national. Ce programme ne se contente pas de former professionnellement ces jeunes ; il leur redonne une dignité, un sens à leur existence. Ils ne sont plus des problèmes à résoudre mais des solutions à valoriser.
Le développement du Haut-Lomami passe par ces initiatives qui transforment simultanément les paysages et les mentalités. Ces anciens Kuluna, hier craints par la population, deviennent aujourd’hui des modèles d’inspiration pour toute une génération en quête de repères.
Quel message plus fort que de voir ces mains qui brandissaient des armes manier désormais des truelles et des niveaux ? La construction de Mandala City symbolise cette reconstruction humaine autant que matérielle. Chaque brique posée représente une vie sauvée de la délinquance, un avenir rendu possible.
Le Service national de Kanyama Kasese démontre ainsi sa triple mission : lutter contre le chômage des jeunes, promouvoir la paix dans les zones post-conflit et garantir la sécurité alimentaire. Une approche intégrée qui fait de ce centre bien plus qu’un simple chantier – un laboratoire de développement social.
Alors que le soleil se lève sur les chantiers de Mandala City, une question se pose : et si la vraie richesse du Haut-Lomami n’était pas dans son sous-sol mais dans le potentiel de sa jeunesse ? Ces anciens Kuluna devenus bâtisseurs en sont la preuve vivante. Leur transformation rappelle une vérité essentielle : aucun jeune n’est irrécupérable quand on lui offre une alternative concrète à la violence.
Mandala City n’est donc pas qu’un ensemble architectural ; c’est le symbole d’une nation qui croit en sa jeunesse, qui investit dans son capital humain. Alors que les travaux avancent, une nouvelle fierté émerge à Kanyama Kasese – celle de voir naître, pierre après pierre, un avenir meilleur porté par ceux qui incarnaient hier les problèmes d’aujourd’hui.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
