La ville de Goma fait face à une augmentation préoccupante des cas de gastrite, selon l’alerte lancée ce samedi 18 octobre par le docteur Rachel Maguru, médecin généraliste à l’hôpital provincial du Nord-Kivu. Cette situation interpelle particulièrement dans un contexte où les difficultés économiques poussent de nombreux parents à négliger leur propre santé au profit de celle de leurs enfants.
Mais qu’est-ce que la gastrite exactement ? Cette affection, souvent sous-estimée, correspond à une inflammation de la muqueuse de l’estomac. Imaginez cette paroi interne comme un tapis protecteur qui, lorsqu’il s’irrite, déclenche des douleurs abdominales, des brûlures d’estomac et divers malaises digestifs. Le docteur Maguru utilise une analogie éclairante : « Les petites villosités que nous voyons sur l’estomac de vache ou de chèvre, c’est la même chose dans l’estomac humain aussi. Quand ces structures protectrices se détériorent, des zones fragilisées apparaissent et le suc gastrique, normalement bien toléré, provoque alors une inflammation ».
À Goma, l’épidémiologie silencieuse de la gastrite trouve ses racines dans des réalités socio-économiques difficiles. De nombreux parents, contraints par la précarité, partent travailler le ventre vide et passent des journées entières sans s’alimenter correctement. Ce jeûne prolongé, combiné au stress chronique de la recherche quotidienne de subsistance, crée un terrain propice au développement de troubles gastriques sévères. Comment l’estomac peut-il résister à de telles agressions répétées ?
Le mécanisme est implacable : un estomac vide produit malgré tout des sucs gastriques acides qui, en l’absence d’aliments à digérer, attaquent directement la paroi stomacale. Cette agression chimique s’intensifie lorsque la personne consomme ensuite des substances corrosives comme l’alcool ou le piment, très présents dans les habitudes alimentaires locales. Le docteur Maguru insiste sur ce point : « Si la personne concernée prenait quelque chose de corrosif, comme l’alcool ou le piment, ça accentue cette inflammation ».
La prévention constitue le premier rempart contre cette maladie. Le message du médecin est clair et direct : « La première prévention, c’est la personne elle-même. Ne pas laisser votre estomac vide, et vous luttez contre le stress ». Des conseils simples mais difficiles à appliquer dans le contexte actuel de Goma, où la survie quotidienne prime souvent sur la santé préventive.
La prise en charge médicale de la gastrite varie selon ses causes et son degré d’inflammation. Dans les cas bénins, des modifications alimentaires et la réduction du stress peuvent suffire. Pour les formes plus sévères, un traitement médicamenteux s’impose, incluant souvent des antiacides et parfois des antibiotiques si une infection à Helicobacter pylori est détectée. Mais le véritable défi reste le dépistage précoce : combien de personnes à Goma endurent des douleurs gastriques sans consulter, risquant ainsi des complications parfois graves ?
La situation à Goma reflète un problème de santé publique plus large dans la région du Nord-Kivu. L’accès aux soins, la sensibilisation de la population et la prévention des troubles gastriques nécessitent une approche coordonnée entre autorités sanitaires et communautés. Le docteur Maguru lance un appel pressant à la population : consulter rapidement en cas de douleurs gastriques persistantes peut éviter l’aggravation vers des ulcères ou d’autres complications sévères.
La gastrite à Goma n’est pas une fatalité. Une meilleure information sur les habitudes alimentaires protectrices, une gestion du stress adaptée aux réalités locales et une consultation précoce représentent les piliers d’une réponse efficace. La santé digestive des habitants du Nord-Kivu mérite toute notre attention, car un estomac en bonne santé est le fondement d’une vie équilibrée, même dans des conditions difficiles.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net