Dans les territoires reculés de Pangi et Kailo, au cœur du Maniema, une crise sanitaire silencieuse met en péril la vie des mères et de leurs nouveau-nés. Les maternités de cette province congolaise font face à une pénurie médicaments Maniema d’une ampleur alarmante, privant les femmes des soins les plus élémentaires lors de l’accouchement.
Comment en est-on arrivé à une telle situation ? Le directeur de Nursing de l’hôpital général de référence de Kailo l’a confirmé le 10 octobre dernier : le fonctionnement des maternités RDC est gravement compromis par le manque de matériel médical essentiel, notamment les lits d’accouchement. Cette carence oblige certaines parturientes à mettre au monde dans des conditions que l’on croyait révolues au 21ème siècle.
Le témoignage d’une jeune mère est particulièrement révélateur de la détresse vécue par ces femmes. « J’ai passé ici un mois et demi depuis mon accouchement parce que je n’ai pas pu payer 215 000 francs congolais. Mon mari m’a fui », confie-t-elle, la voix brisée par l’épreuve. Son cas n’est malheureusement pas isolé. De nombreuses femmes se retrouvent piégées dans un cycle infernal : incapables de régler leurs factures médicales, elles sont retenues dans les établissements de santé, créant ainsi des dettes médicales hôpitaux qui s’accumulent.
Les accouchement conditions déplorables deviennent la norme plutôt que l’exception. Imaginez une salle d’accouchement où le sol remplace la table médicale, où les gestes stériles deviennent impossibles, où chaque naissance devient un pari contre la infection. Cette réalité choquante expose les nouveau-nés à des risques sanitaires considérables, dans une région où les taux de mortalité infantile restent préoccupants.
Face à cette urgence humanitaire, la fondation Mata Kate Luango (FOMALU) tire la sonnette d’alarme. Sa coordinatrice lance un appel pressant aux autorités congolaises, interpellant directement le président de la République : « Nous demandons au Président de la République de penser aux femmes du Maniema. C’est très malheureux à ce 21è siècle que de voir les femmes retenues après leurs accouchements dans des hôpitaux faute des moyens pour honorer leurs factures. »
Cette situation met en lumière l’échec de la mise en œuvre effective du programme de gratuité soins maternels dans cette région. Pourtant, la gratuité des soins maternels représente un engagement de l’État congolais envers ses citoyennes, un droit fondamental qui devrait garantir à chaque femme un accouchement dans la dignité et la sécurité.
Que représente concrètement 215 000 francs congolais ? Environ 95 dollars américains, une somme dérisoire pour sauver des vies, mais un montant insurmontable pour des familles vivant dans l’extrême pauvreté. Cette dette médicale, qui peut sembler modeste, devient une prison financière pour des femmes déjà vulnérables.
La solution passe nécessairement par un renforcement du système de santé local et une allocation effective des ressources promises. Les autorités provinciales et nationales doivent urgemment coordonner leurs efforts pour approvisionner les hôpitaux en médicaments et matériel médical, former le personnel soignant, et surtout, appliquer concrètement la politique de gratuité des soins maternels.
Chaque jour qui passe sans action concrète aggrave la situation. Chaque femme contrainte d’accoucher dans ces conditions indécentes représente un échec collectif. Chaque nouveau-né exposé à des risques évitables rappelle l’urgence d’une intervention déterminée des autorités compétentes.
La santé maternelle n’est pas un luxe, mais un droit fondamental. La situation actuelle dans le Maniema exige une réponse immédiate et coordonnée pour mettre fin à cette crise humanitaire qui touche les femmes les plus vulnérables de la République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net