Dans les collines verdoyantes de Lukwangulo, au cœur du Tanganyika, une révolution silencieuse est en marche. Ndemba Mohamed caresse tendrement une chèvre devant son enclos, un sourire aux lèvres. « Avant, nous vivions dos à dos avec nos frères bantous. Aujourd’hui, nous partageons le même champ, le même marché, le même espoir », confie-t-il, les yeux brillants d’une émotion rare. Cette transformation, il la doit aux projets innovants du Système des Nations unies qui réécrivent patiemment l’histoire des relations entre Twa et Bantou.
Comment reconstruire ce que les conflits ont déchiré ? La réponse se trouve peut-être dans ces champs communautaires où les mains autrefois tendues vers les armes se rejoignent maintenant pour cultiver la terre. Raymond Tchengi, représentant de la FAO à Kalemie, observe cette métamorphose avec une satisfaction mesurée : « Nous les avons formés à la cohabitation pacifique, aux travaux champêtres communautaires, et distribué plus de 2 000 chèvres. Un marché communautaire et un site maraîcher ont été mis en place pour qu’ils travaillent ensemble ».
Les clubs Dimitra, cette approche communautaire promue par la FAO dans le cadre du Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix, fonctionnent comme des catalyseurs de changement. Ils transforment les anciennes rivalités en complémentarités économiques. Les femmes twa et bantoues qui se regardaient en chiens de faïence partagent désormais leurs techniques agricoles, leurs secrets de commerce, leurs rêves d’avenir.
Le marché communautaire de Lukwangulo est devenu le symbole de cette renaissance. Ici, les sourires ont remplacé les regards méfiants, les poignées de main ont chassé les gestes de rejet. « Grâce aux premiers partages, j’ai pu diversifier mes sources de revenus », témoigne Ndemba Mohamed. « J’ai reçu des chèvres et je travaille aujourd’hui avec les Bantous et les Twa. Ces chèvres nous aident pour la scolarisation des enfants ».
L’impact de ces projets ONU Tanganyika dépasse largement le cadre économique. En favorisant la cohabitation pacifique Twa Bantou, c’est tout le tissu social qui se reconstitue. Les enfants fréquentent les mêmes écoles, les jeunes partagent les mêmes ambitions, les anciens retrouvent la sagesse du vivre-ensemble. Les clubs Dimitra RDC deviennent ainsi des écoles de la citoyenneté où s’apprend quotidiennement l’art délicat de la coexistence.
La consolidation paix Kalemie passe par cette alchimie subtile qui transforme l’entraide économique en réconciliation sociale. Les chèvres distribuées ne sont pas que du bétail – elles représentent un capital de confiance, une monnaie d’échange entre communautés qui réapprennent à se faire confiance. Chaque animal devient un pont entre deux mondes qui s’étaient ignorés pendant trop longtemps.
Mais le chemin reste semé d’embûches. Les vieux démons de la méfiance resurgissent parfois, les préjugés tenaces menacent souvent de réduire à néant des années d’efforts. Pourtant, la détermination des communautés Twa Bantou RDC à écrire un nouveau chapitre de leur histoire commune semble plus forte que les obstacles. Leurs mains jointes creusent non seulement la terre, mais aussi les fondations d’un avenir partagé.
Qui aurait cru que des chèvres et des champs pourraient devenir les instruments d’une paix durable ? Cette expérience unique de cohabitation pacifique Twa Bantou démontre que la réconciliation passe souvent par des chemins inattendus. Les projets ONU Tanganyika, en s’appuyant sur l’intelligence collective des clubs Dimitra RDC, ont su trouver la bonne alchimie entre développement économique et reconstruction du lien social.
Alors que le soleil se couche sur les collines de Lukwangulo, des rires d’enfants twa et bantous mêlés résonnent dans la vallée. Cette mélodie simple mais puissante raconte mieux que tous les discours la réussite de la consolidation paix Kalemie. Elle rappelle que les communautés Twa Bantou RDC, lorsqu’elles unissent leurs forces, peuvent non seulement cultiver la terre mais aussi faire germer l’espoir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
