Dans l’air chargé de spiritualité et de mémoire collective, la Communauté Baptiste du Congo orchestre une mobilisation d’envergure pour célébrer les cent printemps de la première mission évangélique établie à Nsona-Mpangu. Cette cité du territoire de Songololo, au Kongo Central, se prépare à vivre un moment historique où la foi et l’héritage protestant s’entremêlent dans une symphonie commémorative.
Le samedi 18 octobre à Kinshasa, le comité d’organisation a lancé un appel vibrant aux fidèles de toutes les églises, les invitant à s’engager activement dans la préparation de cet événement exceptionnel. Comme les pierres d’un temple ancestral, chaque participation devient indispensable à l’édification de cette célébration du centenaire CBCO.
Le pasteur Gabriel Zola de l’église CBCO/N’Djili a peint avec des mots empreints de solennité l’urgence de cette mobilisation. « La célébration de ce centenaire nécessite des moyens importants pour redorer l’image de cette mission historique », a-t-il déclaré, sa voix portant le poids d’un siècle de dévotion. Son discours a révélé l’état de vétusté des infrastructures sacrées qui ont abrité tant de prières et d’espérances.
« En dehors de la fête du centenaire, certains ouvrages doivent être réaménagés. Nous parlons par exemple de l’hôpital devenu vétuste, des écoles, du temple et d’autres structures », a-t-il précisé, dessinant par ses mots le portrait d’un patrimoine religieux qui réclame attention et renouveau. Son appel résonne comme un écho moderne de la détermination biblique : « Faisons comme Néhémie, qui n’a pas gardé le silence lorsque Israël était détruite ».
Dans cette partition commémorative, le pasteur Matthieu Kapasi, président du comité d’organisation, a ajouté une mélodie essentielle : l’appel à la paix. Sa voix, tel un instrument de concorde, a souligné combien cette condition reste fondamentale pour le développement du pays et la réussite de cette célébration religieuse Congo. « Nous voulons parler à toutes les consciences, quel que soit le camp. La paix de Dieu ne fait pas de distinction », a-t-il affirmé, ses paroles tissant un pont entre spiritualité et réalité sociale.
Comment ne pas entendre dans son message une prophétie contemporaine ? « Si ce message résonne dans le cœur de chaque Congolais, nous pourrons éviter ce que nous vivons aujourd’hui dans notre pays : la guerre et l’insécurité ». Ses mots dessinent les contours d’une célébration qui dépasse le cadre religieux pour embrasser les enjeux nationaux.
La cité de Nsona-Mpangu, berceau de la première mission évangélique RDC en 1925, devient ainsi le théâtre d’une renaissance symbolique. Les pierres anciennes des bâtiments religieux semblent murmurer les récits d’un siècle de foi protestante, tandis que le tout premier baptême protestant en 1884 à Mbanza-Manteke rappelle les racines profondes de cette histoire protestante Congo.
Cette célébration s’annonce comme un phare dans la nuit tempétueuse des défis contemporains. Les fidèles se préparent-ils simplement à honorer un passé glorieux, ou construisent-ils les fondations d’un avenir spirituel renouvelé ? La réponse se niche peut-être dans cet élan collectif qui transforme la commémoration en projet de société.
À travers les fissures des murs vieillissants et les éclats des voix unies dans la prière, c’est toute l’âme du Kongo Central qui se prépare à célébrer cent ans de résistance spirituelle. La mission évangélique RDC à Nsona-Mpangu ne représente-t-elle pas ce pont fragile et puissant entre mémoire et espérance, entre héritage et reconstruction ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net