En cette période d’Octobre Rose 2025, la ville de Bunia dans la province de l’Ituri devient le théâtre d’une mobilisation cruciale contre le cancer du sein. Une cinquantaine de femmes, allant des enseignantes aux lycéennes, ont répondu présent à l’appel de l’association des femmes médecins de l’Ituri lors d’une séance d’information organisée au Lycée Nyakasanza le 17 octobre dernier. Cette initiative locale s’inscrit dans la dynamique nationale de sensibilisation qui caractérise ce mois dédié à la lutte contre cette pathologie.
Le Dr Micheline Tchuma, intervenante lors de cet événement, a tiré la sonnette d’alarme : « L’ignorance et la négligence constituent les principaux obstacles dans notre combat contre le cancer du sein en Ituri ». Son constat est sans appel : ces facteurs contribuent significativement à l’augmentation des cas dans la région. Mais pourquoi une telle situation persiste-t-elle alors que les moyens de prévention existent ?
La réponse réside peut-être dans les tabous culturels encore profondément ancrés, combinés à la précarité économique et au difficile accès aux soins. Pourtant, comme l’explique la spécialiste, « le dépistage régulier représente notre arme la plus efficace pour diagnostiquer précocement la maladie et augmenter considérablement les chances de guérison ». Un message qui semble avoir trouvé écho parmi les participantes.
Parmi elles, Kavira Liende, lycéenne déterminée, s’engage désormais à relayer l’information dans sa communauté : « Nous devons briser ce mur de silence qui entoure le cancer du sein. Les femmes ne doivent plus avoir peur de signaler tout symptôme suspect ou de consulter rapidement ». Cette prise de conscience individuelle pourrait bien devenir collective, créant ainsi un effet boule de neige salvateur.
L’association des femmes médecins de l’Ituri ne compte pas s’arrêter à cette seule action de sensibilisation. Dès le mois de novembre, des consultations gratuites de dépistage du cancer du sein seront organisées dans diverses structures sanitaires de Bunia et ses environs. Une initiative concrète pour faciliter l’accès aux examens préventifs, particulièrement cruciale dans une région où les ressources médicales restent limitées.
Cette mobilisation locale s’inscrit dans un contexte national préoccupant. En République Démocratique du Congo, le cancer du sein connaît une progression alarmante tandis que le dépistage systématique peine à se généraliser. Les campagnes d’Octobre Rose à travers le pays tentent de remédier à cette situation en rappelant l’importance cruciale de la détection précoce, que ce soit par auto-palpation ou examen clinique régulier.
Mais comment expliquer que, malgré les efforts de sensibilisation, tant de femmes congolaises négligent encore ces gestes qui pourraient leur sauver la vie ? La réponse est multifactorielle : méconnaissance des symptômes, peur du diagnostic, croyances erronées, mais aussi difficultés économiques qui relèguent la prévention au second plan face aux urgences du quotidien.
Pourtant, les spécialistes sont unanimes : lorsqu’il est détecté à un stade précoce, le cancer du sein présente un taux de guérison pouvant atteindre 90%. Un chiffre qui devrait encourager toutes les femmes, qu’elles vivent en milieu urbain ou rural, à adopter des comportements préventifs. L’auto-examen mensuel, simple et gratuit, permet déjà de détecter d’éventuelles anomalies comme des boules, des changements de texture ou des écoulements.
Au-delà de la sensibilisation, l’association des femmes médecins de l’Ituri entend également lutter contre les idées reçues qui entourent la maladie. Non, le cancer du sein n’est pas une fatalité. Non, il ne frappe pas seulement les femmes âgées. Et non, en parler n’est pas un tabou mais une nécessité vitale.
Alors que s’achève ce mois d’Octobre Rose 2025, un espoir se dessine à Bunia. L’engagement des professionnelles de santé locales, combiné à la détermination des femmes sensibilisées, pourrait bien marquer un tournant dans la lutte contre le cancer du sein en Ituri. La prochaine étape ? Transformer cette prise de conscience en actions concrètes et durables, pour que chaque femme de la province puisse bénéficier d’un dépistage accessible et d’une prise en charge adaptée.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net