Onze individus présumés responsables du lynchage mortel de quatre agents de santé dans le territoire d’Isangi ont été déférés à la prison centrale de Kisangani dans la nuit de vendredi à samedi. Cette opération d’envergure, menée conjointement par les services de renseignement, les Forces armées de la RDC et la Police nationale congolaise, marque une avancée significative dans cette enquête judiciaire ouverte après les événements tragiques du 6 octobre dernier.
Les suspects, escortés par une jeep de la Police nationale congolaise, ont été placés en détention vers 1 heure du matin selon des sources pénitentiaires. Cette interpellation résulte d’une investigation minutieuse menée depuis plusieurs semaines par les autorités compétentes. Comment la justice congolaise va-t-elle traiter ce dossier particulièrement sensible touchant au secteur de la santé ?
Rappel des faits : le 6 octobre, quatre professionnels de santé, dont un médecin, ont été sauvagement agressés puis tués dans les villages de Yanfira et Ilambi, en mission officielle. Les victimes avaient été injustement accusées par des habitants de faire partie d’un réseau mystique présumé responsable de la disparition d’organes génitaux au simple contact physique. Cette affaire de meurtre de médecins en RDC a provoqué une onde de choc dans toute la province de la Tshopo.
Le président de l’Ordre des médecins de la Tshopo, le Dr Patrick Buname, s’est déclaré satisfait de ces arrestations à Isangi. « C’était notre principale revendication après le drame d’Isangi. Nous espérons un jugement exemplaire pour dissuader tout autre esprit malveillant », a-t-il affirmé. Cette déclaration intervient alors que le comité provincial du Conseil national de l’ordre des médecins avait pris des mesures fermes suite à ces lynchages.
En réaction à ces événements tragiques, l’Ordre des médecins avait interdit à ses membres de se rendre dans les localités d’Ilambi et de Yanfira, et observé un arrêt de travail de 48 heures pour dénoncer ces violences inacceptables. Ces arrestations dans la Tshopo représentent-elles un tournant dans la protection des agents de santé en RDC ?
Les dossiers judiciaires des prévenus seront maintenant instruits par les magistrats compétents en vue d’un procès public qui s’annonce particulièrement suivi. La tenue d’une audience publique est vivement attendue par l’ensemble de la communauté médicale et la population locale. Cette procédure judiciaire exemplaire pourrait-elle restaurer la confiance dans le système de santé et la justice congolaise ?
Les autorités judiciaires devront maintenant déterminer les degrés de responsabilité de chacun des suspects dans ce drame qui a profondément ébranlé le secteur de la santé dans la région. La rapidité des arrestations démontre la détermination des forces de l’ordre à lutter contre l’impunité dans ce type d’affaires graves.
La province de la Tshopo reste marquée par ce tragique événement qui soulève des questions fondamentales sur la sécurité des personnels soignants et la lutte contre les croyances populaires dangereuses. Le procès à venir constituera un test crucial pour la justice congolaise face à ce type de violences collectives.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net