Dans les couloirs séculaires de la bibliothèque apostolique vaticane, un geste discret mais profondément symbolique vient d’être posé. Le Saint-Siège a donné son accord pour l’aménagement d’un espace dédié à la prière musulmane, répondant ainsi à la requête d’universitaires de confession islamique travaillant au cœur même de l’institution. Cette décision, révélée par le vice-préfet de l’édifice, Giacomo Cardinali, dans les colonnes du journal italien La Repubblica, dépasse la simple mesure pratique pour devenir un véritable manifeste du dialogue interreligieux au Vatican.
Comment ne pas voir dans cette initiative la matérialisation d’une vision œcuménique qui prend racine dans l’histoire même de ces lieux ? La bibliothèque vaticane, fondée par le pape Nicolas V en 1475, n’a-t-elle pas toujours été ce carrefour des savoirs où convergent les traditions spirituelles et intellectuelles du monde entier ? Avec ses 80.000 manuscrits précieux, ses près de 50.000 pièces d’archives et ses deux millions de livres imprimés, l’institution se présente comme un phare de la connaissance universelle, où la diversité culturelle et religieuse n’est pas simplement tolérée, mais célébrée.
Le vice-préfet Cardinali justifie cette ouverture par la nature même des collections conservées entre ces murs chargés d’histoire. « Nous sommes une bibliothèque universelle », affirme-t-il, rappelant la présence d’« incroyablement anciens » Corans aux côtés de textes en langue hébraïque, éthiopienne, arabe et chinoise, sans oublier les précieuses archives médiévales japonaises. Cette coexistence pacifique des traditions scripturaires trouve aujourd’hui son écho dans la création de cette salle de prière musulmane au Vatican, espace modeste mais chargé de signification.
Que représente véritablement ce « tapis pour prier » installé au sein de la bibliothèque apostolique vaticane ? Bien plus qu’un simple aménagement fonctionnel, il incarne la reconnaissance de la spiritualité islamique comme partie intégrante du patrimoine humain que l’institution s’efforce de préserver et de mettre en valeur. Dans un monde souvent fracturé par les tensions religieuses, ce geste du Vatican envoie un message fort sur la possibilité d’une coexistence harmonieuse des traditions de foi.
La bibliothèque vaticane, souvent décrite comme le cœur intellectuel de l’Église, démontre ainsi sa vocation à être également un espace de rencontre et de partage spirituel. Au-delà des considérations pratiques permettant aux universitaires musulmans de respecter leurs obligations religieuses, cette décision s’inscrit dans la continuité des efforts du Saint-Siège pour favoriser le dialogue islamo-chrétien. Ne s’agit-il pas là d’une concrétisation tangible de l’esprit d’ouverture prôné par les papes successifs ?
La présence de cette salle de prière musulmane au sein de la bibliothèque apostolique vaticane interroge notre conception des frontières religieuses et culturelles. Elle suggère que les lieux de savoir peuvent devenir des sanctuaires où les différences confessionnelles s’estompent devant la recherche commune de la vérité et de la beauté. Dans l’atmosphère feutrée des salles de lecture, entre les rayonnages chargés de manuscrits millénaires, la prière musulmane trouvera désormais sa place, témoignant de la vitalité d’un dialogue interreligieux qui se construit pas à pas, geste après geste.
Cette initiative du Vatican en matière de dialogue interreligieux dépasse le simple cadre institutionnel pour toucher à l’essence même de la rencontre entre les cultures. En permettant aux chercheurs musulmans de pratiquer leur culte au cœur de la bibliothèque apostolique, le Saint-Siège reconnaît la dimension spirituelle comme indissociable de la quête intellectuelle. La salle de prière musulmane du Vatican devient ainsi le symbole d’une universalité qui transcende les appartenances confessionnelles, rappelant que la connaissance et la foi peuvent cheminer ensemble vers des horizons partagés.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: mediacongo.net