La diplomatie congolaise a choisi le territoire américain pour régler ses comptes avec l’opposition interne. Depuis Washington, où se tenait le premier forum économique USA-RDC, le gouvernement a porté une attaque frontale contre ce qu’il qualifie de « diversion » née de la réunion Nairobi opposition congolaise. Une sortie médiatique soigneusement chorégraphiée qui en dit long sur les tensions politiques qui traversent le pays.
Julien Paluku, le ministre du Commerce extérieur, n’a pas mâché ses mots lors du briefing tenu mercredi 15 octobre. « Ce qui s’est passé à Nairobi, c’est un chiffon que les Congolais ne doivent pas considérer », a-t-il asséné, dans un langage rare pour un membre du gouvernement. Cette virulence calculée traduit-elle une certaine nervosité face à la renaissance d’une opposition structurée autour de Joseph Kabila ? Le mouvement Sauvons la RDC représenterait-il une menace plus sérieuse que ne veulent bien l’admettre les autorités de Kinshasa ?
Le ministre, élu de Lubero, a poursuivi sa charge en dénonçant le caractère « improvisé et factice » de l’initiative. Son argument le plus cinglant : la découverte que « les trois derniers noms ont été écrits et signés par une seule personne » sur le document final. Cette révélation, si elle s’avère exacte, pourrait effectivement jeter le discrédit sur la représentativité réelle de ce nouveau mouvement politique. Pourtant, la violence de la réaction gouvernementale laisse perplexe : pourquoi accorder tant d’importance à ce qui serait, selon ses propres termes, une simple « distraction » ?
La crise politique RDC Nairobi semble avoir touché une corde sensible dans l’appareil d’État. Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement, est venu renforcer la position de son collègue en des termes tout aussi tranchants. Sa description des participants à la réunion comme un « étrange mélange de fugitifs, de condamnés ou de personnes unies par la frustration » relève d’une rhétorique particulièrement agressive pour un représentant officiel. Cette escalade verbale traduit-elle une inquiétude réelle face à la consolidation d’une alternative politique crédible ?
L’accusation selon laquelle Nairobi serait devenue « une capitale de complots contre la RDC » mérite analyse. La capitale kényane a effectivement accueilli plusieurs initiatives diplomatiques concernant la région des Grands Lacs, mais son érection en repaire d’activités hostiles à la souveraineté congolaise interroge. Le gouvernement RDC réaction Washington dépasse-t-elle le cadre de la simple réplique politique pour entrer dans celui de la reconfiguration géostratégique régionale ?
Les déclarations Julien Paluku Patrick Muyaya révèlent surtout les lignes de fracture d’un pouvoir confronté à un défi inédit. En qualifiant les organisateurs de « nostalgiques à la recherche des privilèges perdus », le gouvernement congolais tente de délégitimer par avance toute velléité de contestation. Mais cette stratégie du discrédit systématique est-elle encore efficace face à une opposition qui semble déterminée à se restructurer ?
La référence à l’article 69 de la Constitution par Patrick Muyaya n’est pas anodine. En rappelant que le président « décidera le moment venu » d’un éventuel dialogue national, le porte-parole trace clairement les limites du champ politique acceptable. Le message est sans équivoque : c’est le chef de l’État qui définira les règles du jeu et choisira ses interlocuteurs. Une position qui risque d’alimenter les critiques sur la fermeture de l’espace politique.
Le contraste entre « la relance de la construction du pays depuis les États-Unis » et « la messe noire de Nairobi », selon l’expression de Julien Paluku, dessine les deux pôles d’une bataille narrative cruciale. D’un côté, un gouvernement qui se présente comme porteur d’un projet de modernisation économique ; de l’autre, une opposition qui se pose en gardienne des intérêts nationaux. Qui parviendra à convaincre l’opinion publique congolaise ?
La virulence des attaques gouvernementales depuis Washington témoigne d’une sensibilité particulière aux initiatives de l’opposition à l’étranger. En choisissant de répondre depuis le sol américain, le gouvernement cherche peut-être à marquer des points sur le plan diplomatique tout en minimisant l’impact médiatique de la réunion de Nairobi. Une stratégie de contournement qui pourrait s’avérer payante ou, au contraire, accréditer l’idée d’une opposition crédible.
La suite des événements dira si cette sortie médiatique constitue un coup de maître diplomatique ou au contraire un signe de faiblesse politique. Une chose est certaine : la création du mouvement Sauvons la RDC a visiblement touché une corde sensible au plus haut niveau de l’État. La gestion gouvernementale de ce nouveau défi politique sera scrutée à la loupe, tant par les partenaires internationaux que par l’opinion publique congolaise, dans un contexte où la crise politique RDC Nairobi pourrait n’être que le premier acte d’une recomposition plus profonde du paysage politique national.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net