Le gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba, vient de déclencher une tempête politique en procédant à un remaniement gouvernemental qui exclut totalement la représentation féminine. Cette décision, intervenue le 15 octobre 2025 par l’Arrêté N°SC/232/CAB/GVK/DBL/2025, suscite l’indignation générale des organisations de défense des droits des femmes, créant un précédent dangereux dans la gestion de la chose publique.
Comment un gouvernement provincial peut-il prétendre représenter l’ensemble de la population kinoise en ignorant délibérément la moitié de sa composante ? Cette question fondamentale se pose avec acuité alors que dix ministres provinciaux ont été nommés sans qu’aucune femme ne figure parmi eux. Les organisations féminines, réunies au sein du Cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO), dénoncent avec véhémence ce qu’elles qualifient de tableau « macabre, anti-genre, anti-inclusion et régressif ».
La situation apparaît d’autant plus paradoxale que le président de la République, Félix Tshisekedi, s’est positionné comme champion de la masculinité positive auprès de l’Union africaine. Le contraste est saisissant entre la vision nationale, qui a conduit à la nomination d’une femme Premier ministre et à un gouvernement comptant 34% de femmes, et la réalité provinciale kinoise qui affiche un taux de 0% de représentation féminine. Ce décalage soulève des interrogations sur la cohérence des politiques genre à différents niveaux de pouvoir.
Les organisations rappellent avec insistance que la RDC a souscrit à de multiples engagements internationaux et dispose de dispositions constitutionnelles, particulièrement l’article 14, garantissant la parité hommes-femmes dans la gestion publique. Le remaniement gouvernemental opéré par Daniel Bumba à Kinshasa semble ainsi violer non seulement l’esprit mais aussi la lettre de ces textes fondamentaux. Cette approche remet en cause les principes d’inclusion et d’équité qui devraient guider toute action gouvernementale.
Face à cette situation préoccupante, les structures féminines appellent à une mobilisation générale. Elles exhortent les chefs de partis et regroupements politiques à proposer des noms de femmes compétentes pour occuper les postes ministériels vacants. Cette démarche vise à corriger une anomalie démocratique flagrante tout en respectant les principes de mérite et de compétence qui doivent présider à toute nomination.
La balle est désormais dans le camp du gouverneur Daniel Bumba. Celui-ci devra décider s’il persiste dans une voie isolationniste ou s’il accepte de revoir sa copie pour s’aligner sur les standards nationaux et internationaux en matière de parité. Son choix aura des conséquences déterminantes sur la crédibilité de son action gouvernementale et sur la perception de son leadership auprès de la population kinoise.
Au-delà du cas spécifique de Kinshasa, cette affaire interpelle l’ensemble de la classe politique congolaise sur la nécessité de traduire en actes concrets les engagements pris en matière de promotion du genre. Les femmes congolaises, par leur mobilisation croissante, entendent bien rappeler que la construction d’une société véritablement démocratique passe nécessairement par leur pleine participation aux instances de décision.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd