Dans un constat alarmant qui interpelle la communauté internationale, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) révèle qu’environ 8,2% de la population mondiale vit actuellement en situation de sous-alimentation chronique. Ce chiffre préoccupant soulève une question fondamentale : comment expliquer que dans un monde d’abondance, des millions de personnes continuent de souffrir de la faim ?
La réponse se trouve peut-être dans l’appel lancé par Ibrahim Abdoul Nasse, représentant adjoint de la FAO en République Démocratique du Congo. « Qu’on soit riche ou pauvre, qu’on vienne du Nord ou du Sud, en travaillant avec l’ensemble des gouvernements, des organisations et des communautés, nous pouvons transformer nos systèmes agroalimentaires pour veiller à ce que tout le monde ait accès à une alimentation saine et respectueuse de la planète », affirme-t-il avec conviction.
Le paradoxe est saisissant : alors que la population mondiale a triplé depuis 1945, notre planète produit suffisamment de calories pour nourrir tous ses habitants. Pourtant, la sécurité alimentaire mondiale reste un défi majeur, particulièrement dans des régions comme la RDC où les défis agricoles et logistiques persistent. Comment alors comprendre cette contradiction apparente ?
La célébration du 80ème anniversaire de la FAO cette année offre l’occasion de dresser un bilan et de tracer de nouvelles perspectives. Depuis sa création, cette organisation s’est donnée pour mandat de libérer l’humanité du besoin, une mission plus que jamais d’actualité face aux défis contemporains de la faim dans le monde.
Le thème choisi pour cette Journée mondiale de l’alimentation, « Mains dans la main pour les aliments et un avenir meilleur », symbolise parfaitement l’approche collaborative nécessaire. Cette vision appelle à une mobilisation mondiale pour construire un avenir à la fois pacifique, durable, prospère et sécurisé sur le plan alimentaire. Mais concrètement, que signifie cette transformation des systèmes agroalimentaires ?
Il s’agit fondamentalement de repenser notre manière de produire, distribuer et consommer les aliments. Les systèmes actuels montrent leurs limites, avec des déséquilibres flagrants entre régions excédentaires et zones déficitaires. La RDC, avec son immense potentiel agricole, pourrait jouer un rôle déterminant dans cette reconfiguration, à condition de bénéficier d’investissements adaptés et de technologies appropriées.
Les solutions existent et passent par une approche intégrée combinant innovation agricole, réduction du gaspillage alimentaire et renforcement des circuits de distribution locaux. La FAO souligne l’importance des partenariats entre États, organisations internationales et communautés locales pour créer des systèmes résilients face aux chocs climatiques et économiques.
En République Démocratique du Congo, où l’agriculture représente un pilier essentiel de l’économie, les défis sont multiples mais les opportunités immenses. Le pays dispose de terres arables sous-exploitées, de ressources en eau abondantes et d’un potentiel de diversification agricole considérable. Pourtant, la sous-alimentation chronique affecte encore une partie significative de la population, révélant les lacunes structurelles à combler.
La transformation des systèmes agroalimentaires en RDC nécessite des investissements dans les infrastructures rurales, la formation des agriculteurs aux techniques durables et le développement de chaînes de valeur efficaces. L’accent doit être mis sur l’agriculture familiale, véritable colonne vertébrale de la sécurité alimentaire locale, tout en développant des modèles commerciaux inclusifs.
Au-delà des aspects techniques, c’est une véritable révolution des mentalités qui est nécessaire. Consommateurs, producteurs, décideurs politiques et acteurs économiques doivent œuvrer de concert pour construire des systèmes alimentaires plus équitables et durables. Chaque acteur a un rôle à jouer dans cette transformation, depuis le choix de nos modes de consommation jusqu’à l’élaboration des politiques agricoles nationales.
Alors que la FAO célèbre huit décennies d’engagement contre la faim, le chemin reste long mais l’espoir permis. Les progrès réalisés démontrent que la mobilisation collective peut produire des résultats concrets. Reste maintenant à amplifier ces efforts pour relever le défi de la sécurité alimentaire mondiale et construire un avenir où personne ne souffrira plus de la faim.
Comme le souligne le représentant de la FAO en RDC, « il faut agir pour l’avenir ». Cet appel à l’action résonne avec une urgence particulière dans un contexte de crises multiples où la sécurité alimentaire devient un enjeu géostratégique majeur. La transformation de nos systèmes agroalimentaires n’est plus une option mais une nécessité impérieuse pour garantir un avenir alimentaire sûr à l’humanité tout entière.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net