Le constat est amer, le chiffre fait froid dans le dos : 8,2% de l’humanité se couche le ventre vide chaque soir. Cette réalité de la sous-alimentation chronique que déplore la FAO devrait nous interpeller tous, riches comme pauvres, Nord comme Sud. Comment expliquer qu’en 2024, alors que la planète produit suffisamment pour nourrir tous ses habitants, des millions d’enfants, de femmes et d’hommes continuent de souffrir de la faim ?
Ibrahim Abdoul Nasse, représentant adjoint de la FAO en RDC, ne mâche pas ses mots : « Qu’on soit riche ou pauvre, qu’on vienne du Nord ou du Sud, en travaillant avec l’ensemble des gouvernements, des organisations et des communautés, nous pouvons transformer nos systèmes agroalimentaires ». Son plaidoyer pour l’unité résonne particulièrement en République Démocratique du Congo, où la sécurité alimentaire reste un défi quotidien pour de nombreuses familles.
Cette année, la Journée mondiale de l’alimentation revêt une symbolique particulière puisqu’elle marque les 80 ans d’existence de l’organisation onusienne. Huit décennies durant lesquelles la FAO s’est donné pour mission de « libérer l’humanité du besoin ». Un mandat ambitieux qui, force est de constater, reste d’actualité alors que les crises climatiques, économiques et géopolitiques menacent les progrès accomplis.
Le thème choisi pour cette édition anniversaire, « Mains dans la main pour les aliments et un avenir meilleur », sonne comme un appel à l’action collective. Car la transformation des systèmes agroalimentaires ne se fera pas en ordre dispersé. Elle nécessite une coordination internationale, des politiques publiques courageuses et des investissements massifs dans l’agriculture durable.
En RDC, les défis sont immenses mais les opportunités aussi. Avec ses vastes terres arables et son potentiel agricole sous-exploité, le pays pourrait non seulement assurer sa propre sécurité alimentaire mais aussi contribuer à nourrir une partie du continent. Pourtant, les paradoxes persistent : comment expliquer que des régions entières peinent à se nourrir tandis que d’autres voient leurs récoltes pourrir par manque d’infrastructures de transformation et de conservation ?
La question de la faim dans le monde n’est pas une fatalité. Les chiffres le prouvent : depuis 1945, la population mondiale a triplé, mais la production alimentaire a suivi la cadence. Le problème n’est donc pas quantitatif, mais qualitatif et distributif. C’est toute l’architecture de nos systèmes alimentaires qu’il faut repenser, depuis la production jusqu’à la consommation, en passant par le stockage, la transformation et la commercialisation.
Les solutions existent. L’agroécologie, les circuits courts, la valorisation des savoirs locaux, la réduction du gaspillage alimentaire constituent autant de pistes concrètes pour bâtir une sécurité alimentaire durable. Mais ces initiatives, pour être efficaces, doivent être portées par une volonté politique ferme et soutenues par des financements adéquats.
Alors que la FAO célèbre 80 ans de lutte contre la faim, le chemin reste long. Mais l’espoir est permis. Car comme le rappelle son représentant en RDC, « nous pouvons transformer nos systèmes agroalimentaires pour veiller à ce que tout le monde ait accès à une alimentation saine et respectueuse de la planète ». Un message d’espoir, mais surtout un appel à l’action pour les générations présentes et futures.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net