« Je demande à mes frères qui sont encore en brousse de déposer les armes et de venir vivre dans la société. Les histoires de tenir les armes, laissons cela au gouvernement qui doit nous protéger. Pour le moment, nous vivons bien. » Ces paroles pleines d’espoir d’un ancien combattant résument le chemin parcouru par ces hommes qui ont choisi de tourner la page des violences armées.
À Tsere, dans la province de l’Ituri, une transformation silencieuse mais significative est en cours. Cinq mois après avoir déposé les armes, d’anciens miliciens du groupe armé d’autodéfense « ZAIRE » retrouvent peu à peu leur place dans la société. Leur satisfaction est palpable, leur détermination à reconstruire une vie pacifique, tangible.
Comment ces ex-combattants Ituri parviennent-ils à se réinventer après des années de violence ? La réponse se trouve dans les projets de réinsertion sociale RDC soigneusement élaborés pour leur offrir des alternatives concrètes. Vingt-cinq vaches constituent aujourd’hui le capital de départ de leur nouvelle vie, un projet d’élevage initié par la MONUSCO qui symbolise bien plus qu’une simple activité économique.
« Nous sommes satisfaits d’avoir retrouvé notre place dans la société », confient ces hommes hier encore craints, aujourd’hui artisans de paix. Leur réinsertion ne se limite pas à des projets individuels. Aux côtés de 48 membres de la communauté locale, ils ont participé activement à la réhabilitation des routes de desserte agricole reliant les villages de Kokolombi, Ngona et Rwampara. Ces chemins, autrefois théâtre de conflits, deviennent désormais des artères de reconciliation.
La délégation de l’Union européenne, venue évaluer ces activités de réinsertion sociale et de cohabitation pacifique, a pu constater l’évolution positive de la situation. Angelica Broman, de l’ambassade de Suède en RDC, ne cache pas sa satisfaction : « Les gens en ont marre de la guerre et veulent maintenant construire la paix. » Une déclaration qui résonne comme un écho aux aspirations profondes des populations de l’Ituri.
Les projets MONUSCO Ituri dépassent le simple cadre économique. La construction du bureau de la coopérative des ex-combattants matérialise cette volonté d’intégration durable. Dans cet espace, anciens miliciens et communauté locale pourront désormais entreprendre ensemble des activités génératrices de revenus, tissant ainsi les fils d’une cohabitation apaisée.
Mais au-delà des infrastructures et des projets, c’est le changement des mentalités qui impressionne. Ces hommes qui brandissaient des armes il y a quelques mois seulement parlent désormais le langage de la conciliation. Leur témoignage porte en lui un message puissant à destination de ceux qui hésitent encore à déposer les armes.
L’Union européenne Ituri, principal bailleur de fonds de ces initiatives, semble convaincue de l’efficacité de cette approche. Les projets de réinsertion communautaire démontrent que la paix Ituri ne se construira pas seulement par la force, mais surtout par l’offre d’alternatives viables à la violence.
La route vers une paix durable reste cependant semée d’embûches. Combien d’autres combattants attendent encore dans l’ombre, sceptiques face à ces promesses de réinsertion ? Les défis sont immenses : méfiance persistante des communautés, difficultés économiques, souvenirs douloureux des conflits passés.
Pourtant, l’espoir renaît à Tsere. Ces ex-combattants devenus éleveurs et bâtisseurs incarnent la possibilité d’une transformation radicale. Leur parcours questionne : et si la véritable victoire contre l’insécurité passait par la réintégration plutôt que par la répression ?
Alors que le soleil se couche sur l’Ituri, ces hommes qui soignent leurs vaches et réparent les routes représentent bien plus qu’un simple succès de réinsertion. Ils sont la preuve vivante que même les curs les plus endurcis par la guerre peuvent retrouver le chemin de la paix, lorsque la société leur tend la main.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net