Dans un geste parlementaire d’une portée historique, l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo a franchi ce vendredi 17 octobre un cap symbolique majeur en reconnaissant officiellement le crime de génocide commis dans l’Est du pays. Cette décision, baptisée GENOCOST, marque un tournant dans la lecture politique des violences qui ensanglantent cette région depuis des décennies.
Le texte adopté constitue une reconnaissance solennelle des violations massives du droit international humanitaire et des droits humains fondamentaux. Cette résolution place désormais la RDC dans le cercle restreint des nations confrontées à la nécessité de nommer l’innommable. La question se pose : cette reconnaissance tardive pourra-t-elle véritablement apaiser les blessures d’un peuple meurtri ?
L’Assemblée nationale, par cette initiative, semble vouloir rompre avec des années de silence complice ou d’aveuglement volontaire. La recommandation GENOCOST ne se contente pas d’un constat historique : elle impose au gouvernement une feuille de route concrète. L’érection d’un Mémorial national GENOCOST, l’institution d’une journée commémorative et le lancement d’une campagne de sensibilisation représentent les premiers jalons d’un processus mémoriel ambitieux.
Sur le plan stratégique, cette reconnaissance du crime génocide Est Congo intervient dans un contexte international particulier. La transmission obligatoire de cette résolution aux instances internationales, notamment la Cour pénale internationale et le Conseil des Droits de l’homme des Nations Unies, témoigne d’une volonté d’internationaliser la question. Le gouvernement congolais joue désormais à quitte ou double : cette reconnaissance pourrait soit renforcer sa crédibilité internationale, soit révéler son impuissance face à la persistance des violences.
La journée commémoration génocide, une fois instituée, deviendra le point focal annuel du devoir de mémoire. Mais au-delà du symbolisme, la mise en œuvre effective des recommandations parlementaires constituera le véritable test de crédibilité pour les autorités. Le Mémorial national GENOCOST devra incarner physiquement cette mémoire collective tout en évitant l’écueil de la récupération politique.
La reconnaissance génocide parlement opère une rupture sémantique significative : en qualifiant explicitement les atrocités de « génocide », le législateur congolais franchit un Rubicon juridique et moral. Cette qualification engage non seulement la responsabilité de l’État congolais dans son devoir de protection des populations, mais aussi la responsabilité de la communauté internationale dans son obligation de prévention.
Le timing de cette adoption interroge : pourquoi maintenant, après tant d’années de violences impunies ? Certains y verront une manœuvre politicienne, d’autres un véritable sursaut moral. La réalité se situe probablement dans un entre-deux, où considérations éthiques et calculs politiques s’entremêlent inextricablement.
La mise en œuvre de cette résolution constituera le prochain champ de bataille politique. Le gouvernement parviendra-t-il à traduire dans les faits cette ambition mémorielle ? La création effective du Mémorial national GENOCOST et l’organisation régulière de la journée commémoration génocide seront scrutées à la fois par la population congolaise et par la communauté internationale.
Cette reconnaissance du GENOCOST RDC ouvre enfin la voie vers une justice transitionnelle dont les modalités restent à définir. Le chemin sera long entre la reconnaissance officielle du crime et la réconciliation nationale véritable. La balle est désormais dans le camp de l’exécutif, qui devra prouver que cette résolution n’est pas qu’un simple vœu pieux mais bien le point de départ d’un processus de guérison collective.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd